Décès d’Harper Lee, auteure du célèbre roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur

Harper Lee lors de la cérémonie de remise de sa médaille de la liberté, en 2007. © BELGAIMAGE
FocusVif.be Rédaction en ligne

L’Américaine Harper Lee, rendue célèbre en 1960 par son best-seller Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, est décédée à 89 ans dans sa petite ville natale de l’Alabama (sud), loin des projecteurs qu’elle avait toujours détestés.

Une porte-parole de la maison d’édition Harper Collins à New York a indiqué qu’elle était décédée tranquillement, dans la nuit de jeudi à vendredi. Celle qui avait reçu le prix Pulitzer en 1961 pour son premier roman, succès planétaire, vivait loin des regards dans une maison de retraite de Monroeville (Alabama), quasi aveugle et ayant des problèmes d’audition.

Grand classique de la littérature américaine du XXe siècle, étudié dans de nombreuses écoles et universités, « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » raconte la haine et les préjugés racistes dans le sud des Etats-Unis durant la Grande dépression des années 1930. Il mettait en scène Atticus Finch, un avocat blanc défendant un Noir faussement accusé de viol, dans une ville fictive de l’Alabama. La narratrice du roman est sa fille de 6 ans surnommée Scout.

Harper Lee s’était inspirée de son enfance et notamment de son père avocat pour ce premier roman, vendu en anglais à quelque 30 millions d’exemplaires et traduit en 40 langues.

Le livre est adapté au cinéma en 1962 par Robert Mulligan, avec Gregory Peck dans le rôle d’Atticus, sous le titre français « Du silence et des ombres ». Le film reçoit trois Oscars, dont celui de meilleur acteur pour Gregory Peck.

A 34 ans, la gloire est instantanée pour Harper Lee, de son vrai nom Nelle Harper Lee, qui devient une sorte de conscience morale.

En 1964, elle raconte dans une rare interview radio qu’elle n’attendait « aucun succès pour L’oiseau moqueur », et pensait être mise à mort par les critiques. « Mais j’espérais quand même que quelqu’un l’aimerait assez pour me donner un encouragement. Un encouragement public. J’en espérais un petit, j’en ai eu beaucoup, et d’une certaine façon, c’était aussi effrayant que la mort rapide et sans pitié à laquelle je m’attendais » dit-elle.

Cette célibataire fuit la célébrité, refuse des centaines d’interviews et ne publiera rien d’autre jusqu’à la surprise controversée de « Va et poste une sentinelle » l’an dernier, immédiatement propulsé en tête des ventes de livres aux Etats-Unis, en dépit de critiques mitigées.

Ce n’est pas un nouveau roman: il avait été écrit en 1957, mais refusé par l’éditeur qui avait demandé à la jeune débutante de revoir sa copie. De là était né « L’oiseau moqueur », avec les mêmes personnages, mais 20 ans plus tôt. « Le monde sait qu’Harper Lee était une auteure brillante, mais ce que beaucoup de gens ne savent pas, c’est qu’elle était une femme extraordinaire, très joyeuse, d’une grande humilité et gentillesse », a déclaré le président d’Harper Collins Michael Morrison.

« Elle a vécu la vie qu’elle voulait, en privé, entourée de livres et des gens qui l’aimaient ».

Esprit brillant

« Le monde a perdu un esprit brillant et un grand auteur », a écrit Spencer Madrie, propriétaire de Ol’ Curiosities and Book Shoppe, la petite librairie indépendante de Monroeville (6.000 habitants).

Harper Lee, née le 26 avril 1926 à Monroeville, était la dernière de quatre enfants. Elle était aussi une descendante du général Lee, commandant des troupes sudistes pendant la guerre de Sécession.

Truman Capote a été l’un de ses amis d’enfance, et elle a été son assistante dans l’écriture de « De sang-froid », son enquête sur un fait divers sanglant au Kansas.

Enfant précoce, elle avait appris à lire très tôt, la lecture étant à Monroeville l’une des rares distractions. Elle renonce en 1949 à ses études de droit pour s’essayer à la littérature à New York. Elle y travaille dans une agence de voyage, écrit en parallèle, trouve un agent en 1956.

En 2007, elle avait reçu du président George W. Bush la Médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction civile américaine.

Il a rendu hommage vendredi à « une romancière de légende et dame adorable. Harper Lee était en avance sur son temps, et son chef d’oeuvre + »Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur+ a incité l’Amérique à la rattraper », a-t-il déclaré dans un communiqué, saluant aussi « sa contribution incomparable à l’humanité ». Harper Lee avait également reçu en 2010 du président Barack Obama la Médaille nationale des arts.

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