Décès d’Antonio Tabucchi: l’Europe perd un écrivain et un journaliste

© Belga Pictures

Toscan né à Pise en 1943, Antonio Tabucchi s’est éteint aujourd’hui à Lisbonne à l’âge de 68 ans. Avec des oeuvres comme « Pereira prétend » et « Nocturne indien », il restera un grand nom de la littérature européenne.

Un pied en Italie, un autre au Portugal, Antonio Tabucchi a marqué profondément la littérature européenne. Auteur d’une vingtaine de livres traduits dans une quarantaine de langues, il est aussi le traducteur en italien de l’oeuvre de l’écrivain portugais Fernando Pessoa.

Place d’Italie est le premier roman de Tabucchi qui relate l’histoire de l’Italie, du Risorgimento au communisme d’après la Seconde Guerre mondiale, avec le prisme des vaincus.

En 1987, il reçoit en France le prix Médicis étranger pour Nocturne indien. Il y raconte l’histoire d’un jeune Français, Rossignol qui se rend à Bombay pour y retrouver Xavier, son ami récemment disparu. Xavier réalise le rêve initiatique de l’Inde en découvrant ses mystères et en s’interrogeant sur son existence. Le réalisateur Alain Corneau a adapté le livre au cinéma en 1989.

Les dictatures européennes

L’écrivain italien souhaitait décrire une Europe du 20e siècle tourmentée par les dictatures: le franquisme, le fascisme, le salazarisme, à travers les destins de héros, de lâches et de traîtres.

En 1994, Pereira prétend révèle Antonio Tabucchi au grand public. L’écrivain montre que les rencontres ne sont pas anodines et peuvent bouleverser la vie. L’histoire est plantée dans un Portugal courbé sous le joug de la dictature de Salazar. Un journaliste rangé fait la rencontre d’un révolutionnaire d’origine italienne et se transformera en opposant acharné à la dictature. Ce journaliste se retrouvera à la fois aux prises avec le salazarisme portugais, le fascisme italien et la guerre civile espagnole. Le réalisateur Roberto Faenza en fait un film éponyme avec Marcello Mastroianni dans le rôle du journaliste. Pereira prétend est devenu un symbole phare pour la lutte pour la liberté d’information dans les régimes autoritaires.

Antonio Tabucchi traitait de ces existences sans relief que le destin bouscule. Il disait: « Les vaincus, les paumés, ceux qui cherchent, sont les uniques sujets de mes livres. »

Porte-parole Anti-Berlusconi

Critique farouche à l’égard du gouvernement Berlusconi et militant de longue date, il devient journaliste pour dénoncer l’asphyxie de la culture en Italie et l’intolérance. Il collabore avec le Corriere della Sera en Italie et El Pais en Espagne. Opposé au gouvernement Berlusconi, Antonio Tabucchi s’était engagé très tôt politiquement en créant le Parlement international des écrivains. L’écrivain prenait la plume pour rédiger des tribunes engagées grinçantes qui lui valaient des menaces.

Après avoir crié son indignation des années durant contre la négation des droits des Tsiganes en Italie, Antonio Tabucchi a vivement critiqué l’expulsion des Roms de France.
Dans le Diario del Web, le président italien Giorgio Napolitano déclare se souvenir d’Antonio Tabucchi comme d’un esprit profondément européen.

Astrid Thins (stg)


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