Critique livres : Chelsea Girls, traduit en français pour la première fois

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© National

Eileen Myles, éditions Sous-Sol

Chelsea Girls

288 pages

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Fabrice Delmeire Journaliste

Paru en 1994 et acclamé pour son souffle libertaire, Chelsea Girls est pour la première fois traduit en français. On y suit les tribulations stupéfiantes d’Eileen Myles, poétesse queer ayant fui le puritanisme catholique pour échouer à New York, en quête d’elle-même, dans les années 70. Perchée sur “un nuage débonnaire”, “pleine de poèmes”, l’icône en devenir de la contre-culture (“un accident culturel, dixit l’artiste) brasse souvenirs d’enfance surets, débrouille interminable de la vie fauchée et croque (entre de nombreux cachets) des tableaux sans fard de ses contemporains et d’elle-même. “J’allais être une beatnik, j’allais être hyper cool et rendre tout le monde hyper triste.” Glam en jeans délavé, narcissisme en lambeaux, ce livre-journal titube avec plusieurs grammes dans le sang entre jobs sous-payés, tournée des rades et cuites spectaculaires. “Comment les poètes se sont-ils si bien débrouillés pour ne pas obtenir la moindre part du gâteau.Pot-pourri autobiographique capturant le flow des expériences, cette cartographie intime et quasi immobile composte des seventies ravagées entre défonce et défiance. Myles presse les souvenirs pour en extraire le suc. Elle couche sur papier buvard les gueules de bois matinales, les “bars à gouines de West Village” et ses amours tumultueuses. On dévore ce pain perdu sucré-salé sur l’ivresse et l’amour, sa conversation à bâtons rompus au pouvoir de fascination intact. “Certaines expériences sont comme se retrouver dans la fumée des cigares. Accepter ça du lieu où l’on est.

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