Critique | Expos

Les photos d’Isabelle Detournay nous emmènent au travail et à la maison

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© ISABELLE DETOURNAY
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Titre - Le Travail et la Maison

Genre - Photographie

Réalisateur-trice - Isabelle Detournay

Sortie - Jusqu'au 06/11 au Musée des Beaux-Arts de Tournai.

Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Outre qu’elles ne déplairaient pas au sculpteur américain Tony Matelli, les plantes interstitielles du fronton du Musée des Beaux-Arts de Tournai mettent en confiance. Elles disent une institution qui accorde une place de choix au vivant, à l’imprévisible -on refuse de croire qu’il s’agit d’une négligence s’inscrivant dans le cadre de l’extension future, agendée pour la fin de l’année, de ce beau bâtiment signé Victor Horta. On veut d’autant plus adhérer à ce goût de la vie sachant que le conservateur, Julien Foucart, a eu l’excellente idée de faire dialoguer une partie des œuvres de la collection -celle du mécène bruxellois Henri Van Cutsem, qui compte des tableaux de Manet, dont Chez le père Lathuille, mais également d’Ensor ou de Van Dyck- avec la photographe Isabelle Detournay (Tournai, 1974). La conversation en question accole deux séries d’images, La Classe A008 et Familiarités, à des tableaux peints selon la technique, à l’effet très contemporain, du glacis sur grisaille et des clichés préparatoires portant la patte du peintre Louis Pion. À près de 100 ans d’intervalle, le face-à-face fonctionne à plein régime de part et d’autre de la grande verrière qui diffuse la lumière extérieure. À gauche, il est question de renouer avec les élèves de l’Institut des Arts et Métiers de la Ville de Bruxelles. On a beau les avoir déjà vus, la fascination ne faiblit pas pour les lignes de force de ces compositions constituant une matière picturale de premier choix -on pense en particulier à cet apprenti couché sous un châssis rouillé- mettant en perspective les corps ruraux immortalisés par Pion. À droite, Familiarités prolonge l’immersion. En montrant les intérieurs qui ont façonné sa jeunesse, Detournay nous pousse à inspecter les architectures de notre passé, à y revenir en se laissant glisser dans les couloirs de l’enfance et de la mémoire.

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