Alexandra Sand: “Depuis que je suis gosse, l’art est la seule chose que je sache faire”

© DR
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Portait de l’artiste performeuse Alexandra Sand de passage à la Fondation CAB à Bruxelles.

Depuis que je suis gosse, l’art est la seule chose que je sache faire”, explique sans détour Alexandra Sand depuis Bucarest. Les parents de cette artiste au pedigree impressionnant -entre 1997 et 2009, elle a remporté plus d’une centaine de prix lors de différents concours internationaux- l’ont très vite compris, eux qui n’ont eu de cesse de l’encourager à suivre cette voie. Bardée de diplômes -elle achève en ce moment un doctorat en philo- et auréolée d’une résidence à la prestigieuse Villa Médicis, cette plasticienne qui entretient volontairement le flou sur son âge aligne un CV impressionnant constitué entre l’Europe et les États-Unis. Loin des artistes surfant sur la sur-visibilité et les gimmicks en vogue, Sand défend une pratique fluide de mise en relation des êtres humains que n’aurait pas reniée un Joseph Beuys.

Toute son œuvre travaille à l’interaction entre l’art et le spectateur, entre l’art et son environnement. “Je vois beaucoup trop d’artistes individualistes qui restent dans leur studio. Ça m’est impossible. J’ai besoin de sortir, d’aller à la rencontre des gens et de fusionner avec eux”, explique celle qui préfère le fond à la forme, les actions aux objets. Et quand il s’incarne en une pièce plus classique, le travail d’Alexandra Sand ne manque pas de renouer avec des archétypes -ainsi du double moulage de son corps tel un gisant bicéphale doté d’un seul bassin, présenté comme une manière de Vénus de Lespugue contemporaine dans le cadre de Arts et préhistoire, une exposition en cours au Musée de l’Homme à Paris. Il n’est donc pas surprenant de la voir débarquer à Bruxelles à la faveur de Counting Colors, une performance qui s’inscrit dans les pas de l’œuvre poétique d’André Cadere, artiste conceptuel roumain montré en ce moment à la Fondation CAB. Pendant deux jours, l’artiste enfilera des perles de couleur sur un fil de coton, un clin d’œil évident aux barres du bois rond du Marcheur de Cassel.

À la façon d’une Pénélope moderne, Alexandra Sand verra sa réalisation emportée par les différents visiteurs autorisés à emmener avec eux des bribes du travail. Comme un sismographe, ce sera tout le sens de sa performance, enregistrer l’énergie des personnes présentes, vue comme l’antidote à une société vide, autocentrée et apathique dont l’horizon doit être dépassé d’urgence.

CV express

Activité Artiste performeuse

Âge 31 ou 33 ans

Née à Slobozia (Roumanie)

Actu Le 5 et le 6 mai, elle réalisera la performance Counting Colors à la Fondation CAB à Bruxelles.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content