Critique | Cinéma

Winter Break (The Holdovers): une capsule temporelle qui nous propulse dans les années 70

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Titre - Winter Break (The Holdovers)

Réalisateur-trice - D'Alexander Payne

Casting - Avec Paul Giamatti, Dominic Sessa, Da'Vine Joy Randolph

Durée - 2 h 13

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

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Six ans séparent Winter Break de Downsizing, les deux derniers films d’Alexander Payne. Un délai s’expliquant notamment par une cascade de projets avortés, au rang desquels un remake du Festin de Babette, et un road trip intitulé My Saga, d’après une série d’articles du journaliste norvégien Karl Ove Knausgård. Si son opus précédent le voyait s’écarter sensiblement de sa zone de confort pour tenter une incursion dans le domaine de la science-fiction dystopique, Winter Break constitue en quelque sorte un retour aux fondamentaux pour le réalisateur originaire d’Omaha, Nebraska. Ceux d’un cinéma humaniste descendant en droite ligne de l’époque glorieuse des années 70, et adoptant pour le coup des inflexions de film de Noël, un soupçon de sentimentalisme assumé compris.

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Noël 1970, c’est précisément l’époque où se déroule le film, situé à la Barton Academy, un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de Nouvelle-Angleterre. Un pensionnat en proie à l’effervescence de veille de vacances, sauf pour une poignée d’élèves ne pouvant
rentrer chez eux, et confiés à la garde de Paul Hunham (Paul Giamatti)
, professeur d’Histoire ancienne à l’exigence sourcilleuse, doublé d’un individu atrabilaire unanimement détesté. Et la cohabitation forcée de débuter, se focalisant bientôt sur sa relation avec un élève brillant mais turbulent et indiscipliné, Angus Tully (Dominic Sessa), Mary (Da’Vine Joy Randolph), la cuisinière de l’établissement, endeuillée par la mort de son fils au Viêtnam, observant la confrontation annoncée avec plus ou moins de distance…

Si le schéma narratif est plutôt prévisible, Alexander Payne réussit à conférer à Winter Break une coloration éminemment personnelle. Et notamment cette fibre définitivement humaine qui parcourt son cinéma, de About Schmidt à The Descendants, et qui trouve ici une expression particulièrement
sensible. Le réalisateur n’a pas son pareil, on le sait, pour donner à ses personnages épaisseur et complexité, et il n’en va pas autrement du trio au coeur de ce film qui, au-delà des figures imposées par leur rôle, ont une vraie consistance, piquée de touches d’humour. Ainsi, Paul Giamatti, excellent dans un registre voisin de celui de Sideways sous les traits d’un personnage dont la morosité se mue à l’occasion en ressort de comédie. Non sans trouver à qui parler en Dominic Sessa, formidable révélation,
comme en Da’Vine Joy Randolph.

Ainsi balancé, Winter Break fait mieux qu’évoquer le cinéma des années 70, celui de Hal Ashby en particulier que Payne cite volontiers: il en apparaît comme le contemporain pour ainsi dire, sa patine, affirmée dès l’apparition du logo Universal, et l’humeur qui en émanent produisant l’effet d’une capsule temporelle. Soit le genre de film comme Hollywood n’en produit plus que rarement et, partant, un vrai cadeau de Noël, généreux mais pas dénué d’aspérités pour autant…

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