Critique | Cinéma

« The Killer »: tout le savoir-faire (sans forcer) de David Fincher

3,5 / 5
© COURTESY OF NETFLIX
3,5 / 5

Titre - The Killer

Genre - Thriller

Réalisateur-trice - David Fincher

Casting - Avec Michael Fassbender, Tilda Swinton, Charles Parnell

Sortie - Sortie en salles le 25/10, sur Netflix à partir du 10/11

Durée - 1 h 58

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

David Fincher avance en roue libre dans The Killer, un thriller mettant en scène un tueur méticuleux amateur des Smiths dont une mission dérape…

Curieux parcours que celui de David Fincher: si Fight Club, Benjamin Button, The Social Network ou, plus récemment, Mank ont démontré qu’il était un réalisateur au talent polymorphe, son nom reste indissociable du thriller, un genre auquel il n’en finit pas de revenir, après en avoir signé quelques réussites majeures, de Zodiac, sans nul doute le meilleur film de tueur en série jamais tourné, à la série Mindhunter. Que sa filmographie soit peuplée de tueurs tombe donc sous le sens, qu’il s’agisse de John Doe, le sociopathe revisitant les péchés capitaux qui révélait Kevin Spacey dans Se7en, de l’insaisissable Zodiac du polar éponyme, et l’on ne cite que pour mémoire celui sévissant dans The Girl with the Dragon Tattoo. Galerie s’enrichissant aujourd’hui d’un nouveau spécimen sobrement baptisé The Killer, serial tueur à gages emprunté au roman graphique d’Alexis Nolent (alias Matz) et Luc Jacamon, adapté pour l’écran par Andrew Kevin Walker, ci-devant scénariste de… Se7en.

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The Killer -campé par le trop rare Michael Fassbender-, on le découvre à pied d’œuvre, à Paris, faisant le guet dans un appartement désert d’où il s’apprête à exécuter sa prochaine mission. Un travail d’orfèvre, requérant précision et minutie, qualités dont est de toute évidence pourvu celui dans l’esprit duquel la caméra s’insinue, voix off à l’appui et morceaux des Smiths façon How Soon Is Now? en guise de régulateurs de tension. Une routine bien huilée, geste du tueur mélomane dépourvu d’états d’âme et du voyeur (difficile de ne pas penser à Fenêtre sur cour) se confondant en un crescendo haletant. Moment où l’imprévu vient obstruer le viseur, la mécanique de précision s’enrayant sous le coup d’une émotion incontrôlée, la cible n’étant plus celle qu’on croit alors que débute une traque se déployant à l’échelle du globe.

C’est peu dire que la première demi-heure de The Killer est un pur régal, la virtuosité coutumière de David Fincher alliée à la morgue distanciée de Michael Fassbender, parfait dans un rôle mental et physique à la fois, inscrivant cette chasse à l’homme dans des horizons aussi glaçants que stimulants. Passée cette exposition magistrale, le film s’avère toutefois plus convenu, thriller léché aux ressorts narratifs en définitive assez classiques -encore que l’apparition de Tilda Swinton sous les traits de “The Expert” l’entraîne en terrain lunaire. Le réalisateur de Gone Girl, s’il évolue quelque peu en roue libre, n’en témoigne pas moins de son incontestable savoir-faire, la précision de sa mise en scène n’ayant guère à envier à celle, maniaque, de son personnage, à quoi il veille à ajouter ces touches d’humour noir n’appartenant qu’à lui, parmi d’autres détours tortueux. S’il ne force pas son talent, Fincher n’a, en tout état de cause, pas perdu la main…

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