Critique | Cinéma

Le film de la semaine : Leila’s Brothers, de Saeed Roustaee

4 / 5
© amirhossein shojaei
4 / 5

Titre - Leila's Brothers

Genre - Comédie dramatique

Réalisateur-trice - Saeed Roustaee

Casting - Taraneh Alidoosti, Navid Mohammadzadeh, Payman Maadi

Durée - 2h39

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Dans une fresque de grande ampleur, Saeed Roustaee signe le portrait d’une famille haute en couleur se débattant dans des problèmes inextricables.

Ils sont sept à vivre les uns sur les autres dans un appartement vétuste de Téhéran, les parents vieillissants, et leurs cinq grands enfants: quatre frères, tous largement en âge de voler de leurs propres ailes mais qui, à force de revers de fortune, en sont venus à taper l’incruste à durée indéterminée dans la modeste résidence familiale. Et puis, Leila, la sœur, la quarantaine active et une bonne partie de son existence vouée à veiller sur tout ce petit monde. Jusqu’au jour où elle entrevoit la possibilité de les sortir du marasme, sous la forme de l’achat d’un espace commercial dans une galerie promise au succès. Les économies de la fratrie étant (largement) insuffisantes, le soutien parental s’avère nécessaire. Moment où il apparaît que, par un méchant tour du destin, le patriarche vient de s’engager à offrir une importante somme d’argent pour le mariage du fils d’un cousin. Un geste n’ayant d’autre objet que de s’assurer, comme le veut la tradition persane, le titre prestigieux de parrain d’une communauté n’ayant par ailleurs que mépris pour sa personne. Et la famille de se déchirer, tiraillée entre les aspirations des uns et la vanité de l’autre, chacun campant fermement sur ses positions. Circonstances encore aggravées lorsque l’annonce du retrait américain de l’accord nucléaire précipite l’Iran dans une crise sans précédent…

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Drôle de drame

Saeed Roustaee s’est fait connaître avec La Loi de Téhéran, formidable polar social qui portait un regard inédit et pénétrant sur la réalité iranienne. Il change aujourd’hui de registre avec Leila et ses frères, drame familial n’ayant guère à lui envier en acuité, même si plus classique dans son approche. Difficile en effet de ne pas penser au cinéma d’Asghar Farhadi en découvrant ce film dont la trame se déploie à grand renfort de discours, d’échanges verbaux et de dilemmes moraux, des palabres incessants mais aiguisés en constituant le principal moteur narratif. Un imbroglio à l’iranienne, en quelque sorte, à quoi Roustaee a le bon goût d’ajouter un soupçon de comédie à l’italienne, pour un résultat charriant des émotions diverses. Le tout, magistralement incarné par une troupe d’acteurs épatants qui confèrent à ce drôle de drame vérité et relief.

© National

Leila et ses frères ne tarde pas à déborder du cadre du portrait de famille pour embrasser la société iranienne dans son ensemble, ses paradoxes comme le marasme économique dans lequel elle se trouve plongée. Non sans adopter en Leila une héroïne semblant anticiper l’air du temps. Roustaee ajoute par ailleurs à ses qualités d’observateur avisé celles d’un metteur en scène virtuose, la précision et l’ampleur de sa réalisation -voir la scène du mariage, soufflante- achevant de faire de cette fresque familiale un véritable régal…

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