Critique | Cinéma

Le Deuxième Acte: le film qui tacle le petit monde du cinéma

3,5 / 5
3,5 / 5

Titre - Un si beau métier

Genre - comédie

Réalisateur-trice - Quentin Dupieux

Casting - Avec Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon.

Durée - 1 h 20

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Le prolifique réalisateur Quentin Dupieux signe avec Le Deuxième Acte une comédie vacharde sur les acteurs et le petit monde du cinéma. Il faisait l’ouverture du Festival de Cannes.

Il y a quelques semaines, Quentin Dupieux diffusait une note dans laquelle il expliquait ne pas souhaiter donner d’interview afin de promouvoir son nouveau long métrage, Le Deuxième Acte, choisi cette année pour faire l’ouverture du festival de Cannes. « Aujourd’hui, (…) j’ai envie de me taire. Non pas par lassitude ou prétention mais simplement parce que ce film, très bavard, dit avec des mots bien choisis tout ce que j’ai envie de dire et contient déjà de façon extrêmement limpide sa propre analyse. »

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Et, en effet… Précédé d’une bande-annonce sibylline posant déjà les motifs décisifs de la mise en abyme et de l’obsession égocentrée des comédiens de cinéma, Le Deuxième Acte met en scène un quatuor d’acteurs conscients d’être filmés, et brisant constamment l’illusion cinématographique. Réunis dans un restaurant au milieu de nulle part, ils s’échinent à tourner une scène dont les enjeux sont les suivants: 
Florence (Léa Seydoux) veut présenter David (Louis Garrel), l’homme dont elle est follement éprise, à son père Guillaume (Vincent Lindon), mais David n’est pas attiré par Florence et cherche à la jeter dans les bras de son ami Willy (Raphaël Quenard). Soit les prémices d’une journée de tournage à peu près comme les autres…

Sortie de secours

Toujours prompt à explorer la dimension méta de son travail, le réalisateur de Steak, Rubber, Wrong, Réalité, Le Daim et autre Yannick imagine un film-poupée russe en forme de véritable petit jeu de massacre qui entretient constamment la confusion entre le vrai et le faux, la vie et le cinéma, pour mieux tacler, pêle-mêle, l’hypocrisie morale de l’époque, les dérives de l’intelligence artificielle, l’inanité de l’art et la vanité de ceux qui le font. Jouant astucieusement avec les limites, il prend un malin plaisir à faire dire des horreurs à ses comédiens tout en se dédouanant de les penser lui-même.



Dans une atmosphère souvent proche de la crise de nerfs, la mécanique bien huilée du cinéma, sous nos yeux, déraille avec un vrai sens du timing comique, Le Deuxième Acte, qui devait à l’origine s’intituler À notre beau métier, n’étant jamais aussi bon que quand il brocarde l’image de ses propres comédiens, riant ainsi malicieusement des stéréotypes qu’ils véhiculent: c’est la tendance à toujours se mettre à poil de Léa Seydoux, le côté gendre idéal de Louis Garrel, les improbables tics nerveux de Vincent Lindon, les élucubrations acrobatiques de Raphaël Quenard… Maladivement hanté par l’idée de s’ennuyer en faisant les choses, Dupieux constate une fois encore que le spectacle tourne en rond et que le cinéma se mord la queue. Mais on peut décidément toujours compter sur lui pour se trouver une amusante porte de sortie.

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