Le cinéma bis selon Refn: le meilleur des films à voir gratuitement sur byNWR

Hot Thrills and Warm Chills © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Lancée il y a deux ans par le réalisateur de Drive, la plateforme gratuite byNWR accueille des séries B à Z des 60’s, assorties de compléments multimédias goûteux. Échantillon.

Cinéaste ultrafétichiste, Nicolas Winding Refn, réalisateur de Drive et Only God Forgives, est aussi un cinéphile obsessionnel, versé notamment dans les marges du 7e art. Et, à ce titre, collectionneur maniaque de séries B à Z estampillées 60’s, films improbables dont il s’est piqué d’acquérir les droits et de les restaurer avant de les proposer en libre accès sur sa plateforme byNWR, suivant l’idée que la culture est pour tout le monde. Agencé en chapitres tels que Regional Renegades ou Monstrous Extravagances, et confié à des curateurs invités (de Jimmy McDonough, auteur de biographies de Neil Young ou Russ Meyer, au romancier William Boyd), le contenu, disponible en français, est virtuellement inépuisable, des titres comme Satan in High Heels ou Orgy of the Dead se voyant enrichis d’apports multimédias, textes fouillés, interviews, photos et playlist, l’érudition le disputant au plaisir (coupable). Échantillon.

Night Tide

De Night Tide, ovni réalisé par Curtis Harrington en 1961, Nicolas Winding Refn a souvent répété qu’il avait constitué une influence majeure de The Neon Demon. Le film est aussi passé à la postérité pour avoir valu à Dennis Hopper son premier rôle principal sous les traits de Johnny Drake, un jeune marin de la navy qui, débarqué à Santa Monica, va s’éprendre de la mystérieuse Mora (Linda Lawson), employée comme sirène dans une attraction foraine. Une jeune femme dont il va découvrir qu’elle pourrait bien être issue des profondeurs des mers en effet… Thriller aux accents fantastiques, Night Tide est mieux qu’une curiosité, Harrington signant là, tout en clairs-obscurs, une série B proprement envoûtante. Un large portrait du réalisateur, que son parcours devait conduire de l’avant-garde à la série Dynasty, est proposé parmi les compléments, où l’on relève encore la présentation de dix films étranges sur les parcs d’attraction, de La Ronde de Max Ophüls à Adventureland de Greg Mottola.

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Hot Thrills and Warm Chills

Des trois films qui composent le volume 1, Regional Renegades, la palme du titre le plus outrancier revient sans conteste à Hot Thrills and Warm Chills, que signait, en 1967, le cinéaste texan Dale Berry. Un gang de filles peu farouches décide de faire un dernier gros coup avant une retraite présumée dorée, à savoir voler la couronne de diamants du roi du sexe à la faveur du Mardi Gras de La Nouvelle-Orléans. Mise en scène bancale, scénario à l’identique, inserts aberrants, bande-son délirante, c’est bien sûr un nanar patenté, film d’exploitation où brille Rita Alexander avec ses arguments à la Jayne Mansfield… Parmi les contenus additionnels, une interview-fleuve (60 minutes de lecture) de la star du film, « The Champagne Girl » et un sacré personnage, mais aussi une longue évocation de Johnny Thunders, disparu à La Nouvelle-Orléans en 1991, que signe Bob Mehr, auteur notamment d’une biographie des Replacements.

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Wild Guitar

Une section de la plateforme est dévolue auxHillbillies, Hustlers and Fallen Idols. L’on y croise Eden Ahbez, l’auteur du tube Nature Boy, Jimmy Angel, ex-idole des 50’s, ou encore le producteur Bob Cresse, objets d’évocations diverses, mais aussi quelques figures de la scène musicale de Memphis des années 70 et 80, d’Alex Chilton aux Panther Burns et jusqu’à l’actrice Cybil Shepherd, passées devant l’objectif de Patricia Rainer. On peut encore s’arrêter sur Wild Guitar, série B réalisée en 1962 par Ray Dennis Steckler. Soit l’histoire de Bud Eagle (Arch Hall Jr.), chanteur mal dégrossi débarqué à L.A. de son South Dakota natal, et connaissant un succès foudroyant pour tomber aussitôt sous la coupe d’un manager véreux (Arch Hall Sr.) soucieux de formater son nouveau produit. Parabole ou parodie, c’est selon, mais le film n’est pas sans un certain charme, culminant dans sa scène de plage finale. On notera la présence, au titre de photographe de la seconde équipe, de Vilmos Zsigmond, futur collaborateur d’Altman, Cimino ou Spielberg, oscarisé quinze ans plus tard pour Rencontres du troisième type…

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Chained Girls

Sous l’intitulé Smell of Female qui résonnera familièrement aux oreilles des fans des Cramps est réuni un échantillon du cinéma de sexploitation des sixties. On y trouve notamment Chained Girl (1965), ahurissant pseudo-documentaire sur le lesbianisme que signe Joseph P. Mawra. Et qui, passé son interrogation initiale –« Le lesbianisme est-il une maladie ou un phénomène naturel? »-, s’aventure dans les rues de New York à la rencontre de divers spécimens, enquête assortie d’une voix off sentencieuse aux prétentions scientifiques. Le résultat est, comme il se doit, cousu de clichés et de préjugés, et se révélerait franchement indigeste s’il n’était à la fois involontairement (fort) drôle et révélateur des peurs qui travaillaient l’Amérique mccarthyste. Composés par un« gang exclusivement féminin », les contenus complétant le chapitre vont d’une histoire culturelle des talons aiguilles à un mix parallèle pour The Maidens of Fetish Street par DJ Honey Dijon, ou encore, à l’entrée « Le swing du cimetière », une création de Dilara Findikoglu inspirée de Satan in High Heels…

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