Hit Man: « Est-il possible d’échapper à soi-même? Mettre une perruque ou une fausse moustache ne suffit pas »

Avec Hit Man, le réalisateur caméléon Richard Linklater sert une solide portion de pulp, avec Glen Powell, la star qui décolle, dans le rôle d’un faux tueur à gages.

Avez-vous déjà vu un film sur un tireur à gages qui enseigne les mathématiques, qui aime observer les oiseaux et qui conduit une Honda Civic? C’est pourtant exactement la description de Gary Johnson, l’improbable personnage principal de Hit Man, le nouveau film de Richard Linklater. Mais Gary n’est pas un vrai tueur à gages. C’est un geek qui collabore comme ingénieur du son pour la police de La Nouvelle-Orléans et qui, un jour, se voit confier une mission d’infiltration: se faire passer pour un tueur à gages et amener son employeur à en dire assez pour qu’on le mette sous les barreaux. Gary s’avère être une taupe très talentueuse. Sous de nouveaux camouflages, il fait tomber les criminels les uns après les autres. Jusqu’à ce qu’il croise le chemin de la jolie Maddy.

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Hit Man n’est pas un énième thriller sur un tueur solitaire qui sent soudain son cœur battre plus vite. Dans ce rôle, on retrouve Glen Powell, qui a déjà tourné avec Linklater dans Fast Food Nation, Everybody Wants Some! et Apollo 10½ : A Space Age Childhood, et dont la cote est montée en flèche ces dernières années grâce à son rôle aux côtés de Tom Cruise dans Top Gun: Maverick et en tant qu’amoureux de Sydney Sweeney dans la comédie romantique Anyone But You . Hit Man est une comédie déguisée en film néo-noir. Ou un film néo-noir déguisé en comédie. Pour cette histoire, Richard Linklater, réalisateur indépendant américain qui s’est déjà aventuré dans les genres les plus divers (Génération rebelle, Rock Academy, Boyhood et la trilogie Before), s’est basé sur un article de 2001 du journaliste Skip Hollandsworth, qui racontait l’histoire du vrai Gary Johnson.

Qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux dans cette histoire?

Gary était vraiment un prof de maths qui conduisait une Honda et sa liaison avec Maddy a vraiment eu lieu. Gary a rencontré une femme effrayée qui voulait se débarrasser de son mari violent. Jusqu’à la moitié du film, tout est basé sur des faits réels, mais dès que Gary tombe amoureux de Maddy, le film devient le fruit de notre imagination.

Vous avez aussi changé le lieu: le vrai Gary vivait dans votre ville natale, Houston, au Texas, alors que Hit Man se déroule à La Nouvelle-Orléans.

Cette ville est la métaphore parfaite du film que je voulais faire. Les habitants de La Nouvelle-Orléans sont formidables, les rues sont pleines d’énergie et il y a beaucoup de touristes. Mais derrière cette image idyllique se cache une face sombre et violente. Un meurtre a été commis dans la rue où nous tournions. Notre caméraman s’est fait voler sa voiture. C’est aussi comme ça que je voyais le film: le noyau de l’histoire est sombre et dangereux, mais les gens sont chaleureux et généreux. En plus, c’était une bonne excuse pour découvrir la musique louisianaise. Ou la redécouvrir. J’ai toujours été un grand fan de Dr. John.

Vous avez réalisé des films romantiques, des films d’animation, des comédies, des drames sombres… Et maintenant un film noir qui n’en est pas un. Comme Gary, vous semblez être un homme aux multiples 
déguisements.

On a toujours envie de raconter des histoires différentes avec des personnages différents, mais le fait est qu’on est toujours coincé avec soi-même. C’est aussi le thème du film. Est-il possible d’échapper à soi-même? Mettre une perruque ou une fausse moustache ne suffit pas. Je me suis souvent dit que j’avais fait quelque chose de complètement différent, jusqu’à ce que je regarde le film avec un peu de distance et que je me rende compte qu’au final, ce sont toujours deux personnages qui parlent à longueur de temps (rires). Mais dans un cas, c’est avec de l’humour, dans un autre cas, c’est en dessins, etc. Je prendrais vraiment comme un compliment que des gens disent que « ça ne ressemble pas à un film de Linklater ». Mais les sensibilités et les similitudes reviennent toujours, qu’on le veuille ou non. Quand j’ai fait Rock Academy, c’était nouveau pour moi: une comédie grand public, avec des enfants, avec Jack Black, avec beaucoup de figurants. Mais ça revenait en fait à muscler ce qui était déjà à l’œuvre dans Slacker et Génération rebelle.

En quoi Hit Man est-il typiquement un film de Richard Linklater?

En fin de compte, la moitié du film présente deux personnes amoureuses l’une de l’autre qui se parlent dans des lieux intimes. Le film se déroule à La Nouvelle-Orléans, il y a de l’ironie et des tueurs, mais c’est encore une fois une étude de caractère en chambre. Ce n’est donc pas si éloigné des films Before, ou de Tape. C’est plus fort que moi (sourire).

De la même manière, est-ce plus fort que nous de croire au mythe du tueur à gages?

Exactement. Il y a des psychopathes, des assasins, des mafieux… Tout ça existe. Mais des tueurs à gages? Le tueur a gages a été inventé dans les romans de gare des années 1940. Dans les livres de Raymond Chandler et de Dashiell Hammett, dans les polars et les films noirs de l’époque. C’est comme si nous avions conclu un pacte avec la pop culture, comme si nous voulions que les tueurs à gages existent, comme les enfants croient au Père Noël. Il y a beaucoup de choses que l’on peut prouver comme étant des foutaises. Comme les snuff movies ou la plupart des théories du complot. Mais le tueur à gages persiste, peut-être parce que c’est plus amusant de vivre avec ces personnages. Comme s’il était plus simple de se dire: « Ne me cherche pas d’histoires, parce je pourrais te tuer. Ou plutôt: je pourrais te faire tuer, parce que je suis moi-même trop occupé » (rires).

Avez-vous vous-même déjà souhaité faire éliminer quelqu’un?

Je travaille dans l’industrie du cinéma alors, oui, j’aimerais faire tuer quelqu’un tous les jours. Heureusement, je suis trop occupé pour le faire vraiment (rires).

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