« Fuocoammare » applaudi à Berlin

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le documentaire italien « Fuocoammare » de Gianfranco Rosi, sur le drame des migrants à Lampedusa, a été applaudi samedi à la Berlinale qui offre cette année un coup de projecteur sur la crise des réfugiés.

Après la rencontre vendredi sur ce sujet entre la chancelière Angela Merkel et l’acteur américain George Clooney, venu pour la Berlinale, la crise des migrants est de nouveau au centre de l’attention samedi avec la projection de ce film en course pour l’Ours d’Or, décerné le 20 février.

Pour « Fuocoammare » (« Fire at sea »), Gianfranco Rosi, lauréat 2013 du Lion d’Or à Venise pour le documentaire « Sacro Gra » – consacré aux personnes vivant près du périphérique romain- a passé plusieurs mois sur l’île italienne de Lampedusa, petit morceau de terre de 20 km2 situé entre Malte et la Tunisie.

Il raconte le quotidien des milliers de migrants y arrivant par bateau dans des conditions catastrophiques, dont beaucoup perdent la vie. « Je crois que ce film est le témoignage d’une tragédie qui se déroule sous nos yeux », a déclaré le réalisateur lors d’une conférence de presse, où il a été accueilli par de longs applaudissements. « Je pense que nous sommes tous responsables de cette tragédie, peut-être la plus grande que nous ayons vue en Europe depuis l’Holocauste », a-t-il ajouté. « Nous sommes complices si nous ne faisons rien ».

Brut, sans voix off ni commentaire, le film raconte en parallèle le quotidien d’habitants de Lampedusa et celle de ces migrants.

Cinéaste bourlingueur formé aux Etats-Unis, Gianfranco Rosi a raconté s’être « immergé » dans la vie locale. Il a accompagné les garde-côtes secourant des bateaux en détresse, après avoir reçu des appels à l’aide par radio. Portant masques et combinaisons blanches, ils évacuent un à un les réfugiés de bateaux bondés dont ils extirpent également des cadavres. Il donne à voir l’arrivée de ces migrants, accueillis dans des centres où ils sont médicalement pris en charge.

« J’ai vu tellement de choses horribles, épouvantables », a témoigné le docteur Bartolo lors de la conférence de presse. « J’ai vu tellement d’enfants morts, de femmes enceintes mortes, de femmes qui ont été violées », a-t-il ajouté. « J’en fais des cauchemars très souvent ». « Parler de ces choses me fait mal à chaque fois (…), mais j’accepte parce que j’ai l’espoir qu’à travers ces témoignages, on pourra sensibiliser des personnes » à ce qui est « devenu un problème dramatique, de portée universelle », a-t-il encore dit.

« Fuocoammare » fait partie de la douzaine de films qui portent sur les réfugiés et sont projetés dans les différentes sections du festival. Alors que les pays de l’Union européenne sont confrontés à la plus grave crise migratoire depuis la Seconde guerre mondiale, la Berlinale porte cette année une attention particulière à ce sujet. L’intérêt du festival pour cette question va au-delà du seul grand écran et différentes initiatives sont organisées: collectes de dons, invitations aux projections -avec des centaines de billets qui leur sont réservés-, ou stages avec l’équipe du festival.

L’Allemagne a accueilli à elle seule en 2015 plus d’un million de demandeurs d’asile, ce qui vaut à Angela Merkel des critiques croissantes dans son pays et en Europe.

De plus en plus isolée, la chancelière a cependant reçu vendredi le soutien de la star hollywoodienne George Clooney et de son épouse, très engagés dans les causes humanitaires et venus rencontrer Mme Merkel à la chancellerie. « Je suis tout à fait conscient de la difficulté de la tâche », a expliqué dans une interview à la TV allemande M. Clooney, 54 ans, venu présenter « Ave, César », dernière oeuvre des frères Coen et film d’ouverture de la Berlinale.

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