Festival de Deauville: Déjouer les clichés du cinéma indépendant américain

We the Animas de Jeremiah Zagar © DR
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Sensation de la compétition deauvillaise, We the Animals de Jeremiah Zagar réussit le petit exploit de remplir le parfait cahier des charges indie tout en se tenant à distance respectable des plus énormes stéréotypes d’un genre en soi.

Petit frère de coeur et d’esprit du festival de Sundance, le festival du cinéma américain de Deauville donne à voir en compétition une série de films qui, pour la plupart, ne connaîtront pas les joies de la distribution européenne. Ce sont bien souvent les coups d’essai, plus ou moins intimistes, de jeunes cinéastes qui attendent leur heure dans l’antichambre indie de la production US. Et des oeuvres qui, dans le meilleur des cas, leur serviront de passeports pour quelque chose de plus ambitieux. Des films-cartes de visite, en quelque sorte, aussi personnels soient-ils. Mais pour quelques vraies graines de talents, combien de pseudo-Terrence Malick en herbe bouffis de tics auteuristes et autres apprentis poètes en mal d’idées et de vision débitant au kilomètre du cinéma social pour hipsters au filmage hoquetant caméra à l’épaule, à la musique complaisamment tristoune et aux acteurs tout droit sortis d’une pub United Colors of Benetton? Toutes caractéristiques jouissivement compilées dans la vidéo parodique qui suit:

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Présenté mercredi après-midi en compétition à Deauville, le premier long métrage de fiction de Jeremiah Zagar, We the Animals, adaptation du roman d’apprentissage largement autobiographique de Justin Torres, réussit le petit exploit de faire la synthèse de tous ces écueils sans jamais pour autant s’y fourvoyer. Soit, dans un foyer isolé et sans le sou, l’histoire de trois frères essentiellement livrés à eux-mêmes -« Nous sommes trois, nous sommes frères, nous sommes des rois« – contée en voix off par le benjamin de ceux-ci, gamin particulièrement sensible qui, entre les joies simples de l’enfance et la violence domestique dont il est le témoin privilégié, s’échappe dans un monde imaginaire qu’il se crée de toutes pièces, s’éclairant à la lampe torche la nuit pour dessiner dans un cahier sous le lit commun. Figurées en brèves envolées d’animation rudimentaire, ces échappées belles perforent le naturalisme crapoteux d’un film qui doit beaucoup au cinéma documentaire de micro-fulgurances extatiques catapultant l’ensemble en apesanteur.

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