Des ados qui ne mangent plus, un docu vers le Nirvana et un piètre film d’horreur: le bon et le moins bon des sorties ciné

FocusVif.be Rédaction en ligne

Les pouvoirs d’influence en milieu scolaire questionnés dans Club Zero, le documentaire Samsara pour s’approcher du Nirvana et Baghead en film d’horreur cousu de fil blanc. Passage en revue du bon et du moins bon des sorties ciné de cette semaine.

Des ados qui ne mangent plus, un docu vers le Nirvana et un piètre film d’horreur: qu’est-ce qui vaut la peine d’aller au cinéma cette semaine?

Dans Club Zero, la cinéaste Jessica Hausner questionne les pouvoirs d’influence en milieu scolaire

Jessica Hausner aime faire des films avec une esthétique particulière, ambigus, qui surfent sur le malaise, sondent le fanatisme et laissent le spectateur avec de nombreuses questions sans réponse. Mais si l’Autrichienne Jessica Haunser est une habituée des grands festivals de cinéma, elle a plus de mal à remplir les salles. Est-ce parce que sa formule n’est pas encore tout à fait au point? Ou parce qu’il faut plusieurs mois pour que les spectateurs interloqués ou en colère admettent que ses films étranges les ont marqués ou se détachent de la masse? Avec Club Zero, la réalisatrice de Lourdes et Little Joe ne verra sans doute pas sa cote de popularité grimper. Car tout le monde n’appréciera pas la manière dont elle s’empare des troubles alimentaires dans cette sombre satire.

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Dans une école d’élite, une poignée d’élèves à la confiance en soi fragile suivent les conseils de Miss Novak -interprétée brillamment par Mia Wasikowska , qu’on avait un peu perdue de vue depuis l’Alice au pays des merveilles de Tim Burton. Miss Novak prêche « l’alimentation consciente »: penser pleinement à chaque bouchée que l’on mange, manger moins et ainsi sauver l’environnement, mener une vie plus saine et se débarrasser de l’horrible industrie agroalimentaire. Joli programme. Sauf que l’objectif final de la manœuvre semble être de rejoindre le Club Zéro, où l’on ne mange plus rien du tout, et que les tactiques de Miss Novak n’ont rien à envier aux leaders de sectes. À la manière du joueur de flûte de Hamelin, elle attire les enfants loin de leurs parents hyper occupés ou surprotecteurs. Les décors, les costumes, la direction d’acteurs et la photographie se tiennent constamment éloignés du réalisme et du rationalisme, renforçant le malaise et l’ambiguïté. Pas une totale réussite, ni un film qui fera l’unanimité, mais ­certainement plaisant pour les amateurs de films qui dérangent.

Samsara: un documentaire pour s’approcher du Nirvana

Réalisé par Lois Patiño, Samsara -le titre désigne le cycle éternel de la mort et de la renaissance dans le bouddhisme et l’hindouisme- est l’un de ces films au milieu duquel on peut légitimement se demander si on est bien au cinéma ou dans un cours de lévitation. Et si on n’aurait pas mieux fait d’apporter son tapis de yoga. Beaucoup des plans tournés en 16 millimètres sont dignes d’être encadrés et tout est monté et assemblé avec une telle minutie et une telle précision que même le spectateur le plus terre-à-terre finirait par adopter la position du lotus. Ou presque. En bonus, on bénéficie gratuitement d’une séance de thérapie par la couleur, puisque, à mi-parcours, on est censé -vraiment- fermer les yeux pendant 15 minutes. Pendant ce temps, des aplats de couleur monochromes sont projetés sur l’écran, tandis que l’on entend des gazouillements et des bruits de la nature. De quoi stimuler tous les sens à la fois.

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Le film, qui se situe quelque part entre l’essai ethnographique et l’art vidéo immersif, se compose de deux parties distinctes, avec entre les deux ce voyage stroboscopique –on pense au pont psychédélique interdimensionnel de 2001: l’Odyssée de l’espace de Kubrick, mais en plus long. Un avertissement s’affiche au préalable: les éclairs de lumière peuvent provoquer des crises d’épilepsie chez certains 
spectateurs sensibles.

La première partie nous emmène dans des temples bouddhistes du Laos, où des moines adolescents pratiquent en silence et dans leurs robes orange leurs rituels quotidiens pour se rapprocher du nirvana. La deuxième partie se déroule autour des eaux azur et des plages blanches de l’île tanzanienne de Zanzibar, où l’on découvre, entre autres, comment les habitants fabriquent du savon à base d’algues. Ensemble, les deux volets permettent de voyager à travers le « bardo », qui, dans le Livre des morts tibétain, signifie aussi bien « état de transition » qu’ »étape 
intermédiaire » entre la mort et la renaissance.


Avec ces prises de vues sur pellicule et cette atmosphère rêveuse, il est difficile pour un cinéphile de ne pas penser au travail du magicien thaïlandais Apichatpong Weerasethakul (notamment Tropical Malady et Uncle Boonmee), surtout pendant les scènes dans la jungle du Laos peuplée d’apprentis moines. Mais Patiño -qui a déjà tourné le docu magico-réaliste Costa da morte (2013) et Lúa vermella (2019) dans sa Galice natale- a manifestement aussi regardé de près les films de jungle du minimaliste argentin Lisandro Alonso, ainsi que les films « africains » de Claire Denis, de Beau travail à White Material. Le film ne vous transformera peut-être pas radicalement, mais il reste un voyage fascinant qui fait voir, entendre et sentir de manière ludique ce qu’il se passe entre la vie et la mort. Du moins pendant un cours de yoga. Namasté!

Baghead

Le réalisateur Alberto 
Corredor rallonge son propre court métrage éponyme de 2017 avec Baghead, production horrifique très générique où une jeune femme hérite d’un pub anglais délabré suite au décès de son père démissionnaire. Dans le sous-sol de cet étrange endroit maudit vit un locataire plutôt singulier: une créature avec un vieux sac à patates à la place de la tête qui a le pouvoir de ramener les morts parmi les vivants durant un court laps de temps. Mais quiconque fait appel à ses services doit aussi en payer le prix fort…

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Avec son concept surnaturel et ses règles à respecter, Baghead rappelle immanquablement le récent Talk to Me (La Main), en beaucoup moins bien. Cousu de fil blanc, pas flippant pour un sou, l’objet ressemble moins à un film de cinéma qu’à une piètre attraction foraine.

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