[Critique ciné] Legend, Mad Max dans l’East End

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

TRHRILLER | Legend retrace le parcours des Kray Brothers, truands ayant régné sans partage sur le Londres des sixties.

Le film de gangsters vintage est un business florissant: quelques semaines après Strictly Criminal, polar consacré à James Whitey Bulger, figure centrale de la pègre bostonienne dans les années 70, voilà que sort Legend, retraçant pour sa part le parcours des Kray Brothers, truands ayant régné sans partage sur le Londres des sixties. Soit, d’une part, Reggie, individu matois même si parfois enclin à la fanfaronnade -le genre à venir proposer une tasse de thé aux deux inspecteurs commis à sa filature, et se les gelant dans une Ford Anglia au fin fond de l’East End. Et d’autre part, Ronnie, son frère jumeau, souffrant de schizophrénie paranoïde; un psychopathe patenté ce dernier, ne devant d’ailleurs qu’à des manoeuvres d’intimidation d’avoir pu sortir de l’institution où il était soigné. Et cela, même si l’homme est aussi poète à sa manière, se répandant en propos sibyllins façon « les gens qui vivent dans des maisons de verre ne devraient pas jeter de pierres ».

Mad Max dans l’East End

Scénariste brillant (L.A. Confidential, Mystic River) doublé d’un réalisateur honorable (Payback), Brian Helgeland entreprend de retracer leur histoire par la voix de… Frances Shea (Emily Browning), compagne d’un Reggie qu’elle n’aura de cesse d’éloigner de ses affaires criminelles. On est loin du compte, cependant, alors que les frères et leur gang étendent leur empire de l’East End au West End, éliminant impitoyablement la concurrence, et prospérant sur le terrain criminel non sans veiller à donner une facette respectable à leurs activités sous la forme de boîtes de nuit où défile le beau monde. Mais si leur irrésistible ascension est pavée de coups d’éclat leur valant le statut de légendes, le caractère ingérable de Ronnie fragilise leur entreprise…

Inspiré d’une histoire vraie, Legend suit, dans une Angleterre certifiée d’époque, une trame somme toute classique et même prévisible. Le film de Brian Helgeland n’est pas pour autant dénué d’efficacité. Le réalisateur connaît ses gammes et déroule une partition sans fausses notes, où les dialogues à la sauce cockney crépitent, la violence embrase l’action quand celle-ci tend à s’appesantir, un second degré bien senti venant encore à l’occasion alléger l’ensemble. Mais si le film, un brin longuet, marque les esprits, c’est aussi parce qu’aux côtés de seconds rôles choisis, les David Thewlis et autre Chazz Palminteri, Tom Hardy se multiplie, dévorant l’écran dans le rôle des deux jumeaux à la fois indissociables et tellement dissemblables. L’acteur britannique sort pour le coup un arsenal imposant, osant jouer de l’excès. Et démontrant, après s’être moulé dans le cuir de Mad Max, avoir la carrure pour se frotter aux légendes…

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DE BRIAN HELGELAND. AVEC TOM HARDY, EMILY BROWNING, DAVID THEWLIS. 2 H 12. SORTIE: 20/01.

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