Bas Devos, cinéaste: « Je fais le choix d’un récit qui ne se base pas sur le conflit »

© Erik De Cnodder

Rencontre avec le Belge Bas Devos, qui signe Here, un petit bijou cinématographique qui se déroule à Evere.

Vous connaissez la réserve naturelle du Moeraske, à Evere? Le cinéaste Bas Devos (Violet en 2014, Hellhole en 2019 et Ghost Tropic en 2020) fait culminer son quatrième long métrage Here (notre critique ici) dans cette zone marécageuse préservée, avec une rencontre fortuite entre Stefan et ShuXiu. Lui est un ouvrier roumain en balade qui veut partager sa soupe, elle une bryologue sino-belge qui y étudie les mousses à la loupe. Ils semblent bien s’entendre.

Au niveau de l’action, c’est à peu près tout. Et, pourtant, ce petit bijou apaisant s’est déjà fait remarquer à l’international. Au Festival de Berlin, Devos a remporté la section Encounters de la compétition et le MoMA de New York a classé Here parmi les quelques films influents et novateurs de 2023 qui résisteront à l’épreuve du temps.

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Bas Devos ne fait pas des films rentre-dedans ou qui provoquent beaucoup d’agitation. “Je n’ai pas ça en moi, dit-il. Et ce n’est pas ce genre d’histoires que je veux raconter.” Dans Ghost Tropic, une femme de ménage portant un foulard traverse Bruxelles la nuit après s’être endormie dans le dernier métro. Dans Here, un Roumain prépare une soupe avec les restes de son frigo. “Il y a tant d’histoires où un conflit, souvent violent, sert de moteur. Qu’est-ce que ça dit de nous si ce sont les seules histoires que nous nous racontons? Les histoires sont importantes. Elles façonnent le monde dans lequel nous vivons. C’est pour ça que je fais le choix d’un récit qui ne se base pas sur le conflit entre un protagoniste et un antagoniste, mais qui part de la coopération, de la beauté, des images… C’est un peu plus difficile.”

The Carrier Bag Theory of Fiction (“La théorie de la fiction-panier”), un essai de l’écrivaine américaine de fantasy Ursula K. Le Guin publié en 1986, a renforcé Devos dans sa démarche. “J’ai failli tomber de ma chaise en le lisant. Elle décrit très bien ce que je cherchais à atteindre avec Here, mais qui me faisait me sentir très fragile.” Le Guin y souligne que le premier artefact humain n’était pas une arme, pas une massue avec laquelle les hommes auraient fracassé la tête d’un mammouth. “Nous croyons cela seulement parce que ce sont des histoires héroïques et violentes qui se racontaient autour du feu de camp. En réalité, le premier artefact humain a été une sorte de sac, un filet, tissé avec des poils, pour ramener des baies et des noix. Cueillir, partager et préparer la nourriture ensemble, c’est ce qui fait de nous des êtres humains. Je ne peux pas mieux exprimer ce que je cherche à faire.

BIO EXPRESS

Activité Cinéaste

Âge 40 ans

Lieu Bruxelles

Actu Son film Here sort en salles le 17/01.

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