Critique | Cinéma

Anatomie d’une chute: la brillante Palme d’or de Justine Triet

4,5 / 5
“Mettre un peu de bordel dans le film de procès” (ici, Antoine Reinartz, dans le rôle de l’avocat général). © LESFILMSPELLEAS LESFILMSDEPIERRE
4,5 / 5

Titre - Anatomie d'une chute

Réalisateur-trice - De Justine Triet

Casting - Avec Sandra Hüller, Milo Machado Graner, Swann Arlaud

Durée - 2h30

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Cela commence dans un chalet de montagne des hauteurs de Grenoble, par une montée de tension paroxystique. Interviewée par une étudiante, Sandra Voyter (Sandra Hüller), une autrice reconnue, doit bientôt renoncer, le volume auquel Samuel (Samuel Theis), son mari, professeur et aspirant écrivain lui aussi, écoute un morceau en boucle à l’étage, rendant toute conversation impossible. Alors que la visiteuse se retire, Daniel (Milo Machado Graner), leur jeune fils malvoyant, s’en va promener leur chien, pour découvrir, à son retour, le cadavre de son père gisant dans la neige. Meurtre ou suicide? L’enquête qui s’ensuit ne permet pas de lever le doute, le procès de Sandra débutant un an plus tard, pour rapidement virer à la dissection impitoyable de leur vie de couple, livrée, zones d’ombre incluses, aux jurés et au gamin.

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Quatrième long métrage de Justine Triet, Anatomie d’une chute est une variation brillante sur le film de procès, embarquant le spectateur pour un voyage suffocant au gré de son scénario méandreux (cosigné de la cinéaste et d’Arthur Harari, son compagnon, par ailleurs réalisateur d’Onoda) pour ne jamais relâcher son étreinte. Acuité du propos, justesse de l’interprétation (dominée par l’exceptionnelle Sandra Hüller, modèle d’opacité, à qui Swann Arlaud, en défenseur, et Antoine Reinartz, en avocat général, apportent des contrepoints judicieux), intelligence et audace de la mise en scène: le film, inépuisable, appelle les superlatifs. Si la quête de vérité y tient lieu de fil rouge, c’est pour mieux ériger l’incertitude en principe, sans y sacrifier pour autant l’émotion. Si bien que cette œuvre d’une force implacable réussit aussi à questionner intimement chacun d’entre nous -la matière dont l’on fait les grands films, et aussi les Palmes d’or.

© National

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