Ultrasons: une construction subtile et un univers qui rappelle David Lynch

© National

On ne se pose jamais la question de savoir si ce que l’on vit est bien réel. Glen aurait dû se la poser. En rentrant d’un mariage en pleine nuit, sa voiture tombe en panne au milieu de nulle part. Il est aidé par un couple formé par Arthur et Cindy, qui lui propose de passer la nuit chez lui et d’appeler un garagiste le lendemain. Dans la conversation qui s’engage, il apparaît qu’Arthur est en pleine dépression et que cela commence à peser sur sa relation avec Cindy. Après que cette dernière est partie se coucher, Arthur fait une étrange proposition à Glen qui, d’abord décontenancé, finit par accepter. Ainsi se clôt le premier chapitre. L’auteur nous entraîne ensuite dans une succession de flash-back nous ramenant dans le passé de Cindy et de bonds dans le futur où l’on retrouve les protagonistes quelques mois après leur rencontre. À ce stade de l’histoire, nous voilà bien paumés. Conor Stechschulte déconstruit un récit débuté comme une anecdote et le fait glisser vers un thriller psychologique pervers. Utilisant une charte de couleurs limitée au bordeau, au vert foncé et au bleu sale pour figurer les différentes temporalités et niveaux de réalité, l’auteur ne nous aide pas vraiment quand il greffe à l’histoire de base une autre tout aussi malsaine. Celle-ci apporte toutefois un éclairage sur le rôle des différents protagonistes. Malgré la confusion dans laquelle nous sommes plongés, se dégagent quelques pistes d’explication, le scénario s’avérant assez subtil et finalement très ingénieux dans sa construction. L’univers d’Ultrasons n’est pas sans rappeler David Lynch et le dessin d’Hugues Micol.

De Conor Stechschulte, éditions Cambourakis, 392 pages.

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