Critique

À la télé ce mardi soir: Oui mais non, le compromis à la belge

Oui mais non, le compromis à la belge © DR
Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

La Belgique à vue de chien. Fallait y penser. Un zinneke, moitié flamand, moitié wallon, qui se balade au ras du sol, de témoin en témoin, chez Alexander De Croo ou Laurette Onkelinx.

Pour y glaner des infos sur le compromis à la belge, cet arrangement hybride qui fait la fierté ou la honte de notre pays, en fonction des moments. Un pays incapable d’impulser des politiques fortes et tranchées mais qui, à l’inverse, parvient souvent à fédérer les desiderata du plus grand nombre. Et ce depuis l’éveil de la nation. Notre système proportionnel, s’il permet à diverses sensibilités de participer à la gestion du pays, doit composer avec tant de points de vue divergents (les lignes de fractures étant aussi idéologiques que linguistiques dans le pays) qu’il peine à dégager autre chose que des compromis durs ou mous, selon la forme des participants. En gros, quand ils retournent chez eux, les négociateurs doivent tous avoir l’impression qu’ils ont ramené un bout de gras. Un art subtil. Et très belge.

Le documentaire de Marie Mandy, diffusé quelques jours après les élections du 25 mai, donne la parole à divers experts (dont une Anne Morelli toujours aussi drôle et en forme) qui nous éclairent, à travers les différentes crises qui ont jalonné l’histoire du pays, sur ce sens unique de la négociation. Ce fut le cas pour la scission de l’UCL (et son très raciste « Walen Buiten » qui, dans d’autres pays, aurait peut-être mené à une guerre), à partir de 1968. Mais aussi pour la fédéralisation de l’Etat ou pour l’épineuse question de l’arrondissement BHV et l’absence de gouvernement pendant 541 jours. Qu’ils soient cachés dans des placards ou reportés aux législatures suivantes, les problèmes finissent toujours par être résolus par nos politiques. Quitte à ce qu’ils y passent des nuits entières, nourris aux bons petits plats italiens sous Verhofstadt, ou aux sandwiches basiques, en fonction de l’angle des négociations -qu’on souhaite y créer une convivialité ou une tension censées, dans les deux cas, mener à une solution rapide. Quoi qu’il en soit, jusqu’ici, la Belgique n’a pas encore été secouée par une guerre civile. Et ce sympathique film de rendre hommage à ce sens de la mesure qui est le nôtre.

  • DOCUMENTAIRE DE MARIE MANDY.
  • Ce mardi 27 mai à 23h05 sur Arte, et le lendemain à 22h20 sur La Une.
L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content