Critique | Séries/Télé

The Crown (saison 5): portes ouvertes sur un château en décrépitude

3,0 / 5
Elisabeth II (Imelda Staunton) face à Diana (Elizabeth Debicki) et à Charles (Dominic West), couple au bord de l'implosion. © Netflix
3,0 / 5

Titre - The Crown (saison 5)

Genre - Historique

Réalisateur-trice - Peter Morgan

Quand et où - Dès le 9 novembre sur Netflix

Année - 2022

Casting - Imelda Staunton, Jonathan Pryce, Dominic West...

Nicolas Bogaerts Journaliste

The Crown revient sur Netflix à peine deux mois après le décès d’Elisabeth II. Succédant à Claire Foy et Olivia Colman, Imelda Staunton offre ses traits à la reine dans une nouvelle saison laborieuse.

Si les critiques envers The Crown, la série de Peter Morgan, sont allées crescendo quant à sa rigueur historique, son indulgence ou sa défiance envers l’institution monarchique -la proximité chronologique et le caractère sensible des thématiques aidant-, ce cinquième volet de The Crown pose davantage de soucis en termes de choix narratifs, de rythme. Depuis les années de jeunesse de la reine, la série s’était attachée à montrer le double corps de celle-ci: la personne humaine, épouse et mère de famille, supplantée par la figure institutionnelle de la souveraine, assurant la continuité de la dynastie. De cette dualité d’autant plus intéressante narrativement qu’elle était mise en miroir avec les événements politiques ou sociaux contemporains, il ne reste pas grand chose: en 1991, la reine a 65 ans et compose avec les effets de l’âge. Sa lassitude est aussi grande que celle que semble manifester le peuple britannique pour une monarchie de plus en plus déconnectée avec son temps.

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Dupes de Windsor

De fait, les premiers épisodes sont eux aussi laborieux. La figure d’Elisabeth II est dissoute dans les intrigues de son entourage: les mariages de ses trois aînés qui se disloquent notamment celui de Diana (Elizabeth Debicki) et Charles (Dominic West); la relation de ce dernier avec Camilla (Olivia Williams) rendue outrageusement publique; les errances de Philip, duc d’Édimbourg (Jonathan Pryce)… et les secrets de famille peu glorieux qui remontent à la surface. Tout cela forme un amas composite de riches immatures, persuadés de ce qui leur est dû et qui se complaisent dans leurs jeux de dupes, leurs tromperies, leurs caprices. Même le Premier ministre John Major (Johnny Lee Miller) joue l’arbitre des extravagances sans qu’à aucun moment ne soit questionné son bilan politique ni sa relation à la Reine (interrompant une tradition inamovible de la série).

Derrière le sourire, les tensions sont presque palpables.

La famille royale se décompose, le système qu’elle sous-tend également, et Peter Morgan veut tant en analyser les décombres qu’il perd le fil de son récit et s’épuise en intrigues gonflées. La back story de Dodi Al-Fayed, futur amant de Diana, pour intéressante qu’elle soit, arrive trop tôt, au milieu d’un fil chronologique désordonné qui installe, par exemple, l’incendie du Château de Windsor, en 1992, avant le coup d’État de Moscou de 1991. The Crown ouvre trop de portes d’un château en décrépitude et en devient nébuleuse, incertaine, avant d’affiner son propos, un peu tard, dans la dernière ligne droite. Reste le gotha impressionnant du casting, Dominic West en tête, et une réalisation qui insiste, peut être involontairement, sur la vitrification d’une aristocratie obsolète.

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