Odezenne, l’éclaircie: « À un moment, tu ne peux plus tricher avec la violence de ce qui t’arrive »
Après avoir été confronté à la mort et la maladie de proches, le trio Odezenne livre un nouvel album viscéral et lumineux: 1200 mètres en tout, pour dessiner les contours d’une vie aussi belle qu’absurde. Reportage chez le groupe qui va vous faire aimer 2022.
Bordeaux. À quelques jours des fêtes, la rue Sainte-Catherine est noire de monde. Omicron ou pas, la grande artère commerciale de la ville n’est plus qu’une longue file. Un peu plus loin, la cathédrale Saint-André collectionne les sapins. D’un côté, le conifère officiel, tout en verre et acier, installé par le nouveau maire écolo, Pierre Hurmic, élu un an plus tôt -une première dans ce bastion historique de la droite. De l’autre, un « vrai » épicéa de 3 mètres, déposé par des membres de Génération Z, le mouvement des jeunes partisans du candidat à l’élection présidentielle Éric Zemmour. La guerre des sapins est déclarée…
À l’autre bout de la ville, Jacques Cormary a l’air loin de tout ça. Au dernier étage du nouveau QG d’Odezenne, il contemple les dizaines de caisses empilées. À l’intérieur, les CD et vinyles du groupe, prêts à être envoyés aux six coins de l’Hexagone, et au-delà. Comme d’habitude, c’est Jaco qui s’y colle. « C’est mon côté ferroviaire« , précise-t-il, en souvenir des petits matins à décharger les camions de fruits et légumes au marché de Rungis, son premier job après avoir quitté l’école à 16 ans. « En vrai, ça me plaît. Au lendemain d’une tournée, se retrouver le cul sur une chaise à préparer des commandes, forcément, ça vous pose. »
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Ces dernières années, pourtant, le boulot a pu prendre une allure titanesque. Certes, par rapport aux gros vendeurs du top 50, le trio constitué par Jaco, Alix Caillet (les paroles en binôme) et Mattia Lucchini (la musique) reste une embarcation modeste. Mais, depuis notamment l’album Dolziger Str. 2, sorti en 2015, la fan base n’a cessé de grandir. Moins grâce à l’appui des radios ou le soutien d’une grosse maison de disques -Odezenne fonctionne en indépendant- que via le bouche-à-oreille. Résultat: « Quand on a mis en ligne le morceau Hardcore, au printemps 2020, explique Mattia, il a tout de suite très bien démarré. Il a emmené tous les autres titres qui ont suivi. » Six au total, qui se retrouvent tous dans le nouvel album qui paraît cette semaine, 1200 mètres en tout. » Avant même qu’il ne soit disponible, c’est déjà notre disque le plus écouté! » Si le Covid le permet, Odezenne s’offrira même un premier Zénith parisien le 11 février prochain.
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Mais pour l’heure, le plus grand motif de satisfaction du groupe tient dans le tout nouveau studio maison, inauguré quinze jours auparavant. Fini le repaire de la Concorde, cave exiguë aménagée dans l’ancien appartement de Mattia, où furent enregistrés Au Baccara (2018) et l’EP Pouchkine (2019). Jaco: « Ça faisait un moment qu’on avait envie d’un endroit qui permette de faire de la musique dans de bonnes conditions. Pas juste pour nous, mais aussi pour nos potes. » C’est Mattia qui a dégoté la maison sur Leboncoin. « J’avais flashé sur les carreaux de la cuisine! » (rires). Ils ne tiendront pas longtemps. « Pour réaliser ce qu’on avait en tête, il a fallu tout casser. À la fin, il ne restait plus qu’une coquille vide. » Après un an de démarches administratives et près de 18 mois de travaux, Odezenne a pu ouvrir officiellement son nouveau QG, « notre Factory« . Cuisine, chambres, grande terrasse donnant sur le jardin. « Et puis on n’est pas très loin du marché des Capuçins, où tu peux te payer une paire d’huîtres et un verre de vin blanc dès 5 heures du mat’. Après une nuit de boulot, c’est toujours sympa. » Mais Jaco a gardé le meilleur pour la fin: au rez-de-chaussée, le studio est un vrai cocon. Un cube à l’intérieur du bâtiment, conçu avec le concours de Christian Malcurt, acousticien réputé -pour ses salles de spectacle (la Bordeaux Metropole Arena) et ses studios d’enregistrement (de Pascal Obispo à Air). Particularité: au fond de la pièce, une fenêtre donne sur le jardin sauvage. « Les deux vitres font respectivement 600 et 400 kilos, un délire. » « Cet endroit va nous permettre d’essayer de nouvelles choses. On est impatients, résume Jaco. Après, ce que tu vois là, c’est un peu le résumé des hauts du groupe. Mais on n’a connu aussi pas mal de bas… »
Dans l’oeil du cyclone
C’est précisément le fil rouge du nouvel album d’Odezenne. 1200 mètres en tout, pour exprimer toute la gamme d’émotions vécues ces derniers mois. Depuis Pouchkine, le groupe a traversé en effet pas mal de tempêtes. Du genre à vous mettre le genou à terre, groggy. Alix: « On a diagnostiqué un cancer à ma soeur. Quelques mois plus tard, mon père est mort, d’une crise cardiaque. Puis ma soeur est rentrée en rémission. Elle a été guérie, avant de rechuter. »
Tout cela au milieu d’une pandémie. Même si le virus apparaît vite comme un détail, une toile de fond presque anecdotique. Mattia: « Quelque part, être confiné pendant de longues périodes en studio, on a l’habitude. Lors de la première vague, on rédigeait les attestations de sortie nous-mêmes, on rentrait chez nous à 5 heures du matin, en traversant la ville déserte. » Certains artistes se sont malgré tout retrouvés à sec, incapables de composer dans un monde mis sur pause. Alix: « Malheureusement dans notre cas, c’est la vie qui a envoyé le courant. Donc, effectivement, la pandémie, on n’a pas vraiment eu l’occasion de l’appréhender. On était dans le studio, à décanter les choses de la vie. »
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Au printemps 2020, le groupe poste le clip de Hardcore: le morceau a été enregistré bien avant le confinement, mais la vidéo est réalisée à partir de 5000 rushs envoyés par les fans du groupe, filmant ce qu’ils voyaient de leur fenêtre. À l’automne qui suit, nouveau titre. Cette fois, c’est Caprice. Il évoque directement la maladie de Marie-Priska. « Ce morceau aurait pu être tout, sauf une complainte, une ballade mélancolique. Parce que c’était une danseuse très énergique, qui croquait la vie. Au final, c’est presque le morceau le plus rap de l’album, qui donne envie de sauter. » La danseuse-chorégraphe a joué un grand rôle dans le parcours du groupe. Jaco: « C’est elle qui m’a fait rencontrer Alix. » Au début, quand il s’appelait encore O2zen, elle était même sur scène. Mattia: « Elle donnait son interprétation des textes en dansant. Aujourd’hui encore, on nous en parle. C’était déjà la star du groupe. Quand nous on jouait gratos dans des petits bars, elle faisait le tour du monde avec ses spectacles. C’est une personne incroyable, ultra- lumineuse. Une vraie artiste, beaucoup plus que nous, je crois. »
Malgré tout, comment faire passer une douleur aussi intime par le filtre du groupe? Pour écrire les paroles d’Odezenne, Alix et Jaco ont pris le pli de partager un Google Doc, dans lequel chacun peut intervenir dans le texte de l’autre. Le procédé était-il toujours adéquat pour évoquer des chamboulements plus personnels? Alix tranche rapidement: « Ce morceau, Caprice, on l’a fait le soir où l’on a appris que ma soeur était malade. Mattia était en train de composer, moi d’écrire, avec Jaco derrière moi en train de me souffler le refrain. C’est lui qui a trouvé les mots. » Jaco confirme: « Je ne vais pas prendre des pincettes avec quelqu’un que je côtoie tous les jours depuis quinze ans. À aucun moment je me suis dit qu’on allait éviter le sujet. Au contraire, utiliser la musique comme soupape, c’est une chance. » Le 21 octobre dernier, Marie-Priska Caillet était finalement emportée par le cancer. Pour lui rendre hommage, Odezenne a publié la vidéo du morceau Vu d’ici, reprenant des images de la danseuse, improvisant une chorégraphie, alors qu’elle profitait d’une rémission. « Vu d’ici, tout va bien« , y chante Alix…
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Comédie à l’italienne
Dans L’Année de la pensée magique, la grande journaliste- essayiste américaine Joan Didion écrivait: « Les gens qui ont récemment perdu quelqu’un ont un air particulier, que seuls peut-être ceux qui l’ont décelé sur leur propre visage peuvent reconnaître. (…) C’est un air d’extrême vulnérabilité, une nudité, une béance. C’est l’air de quelqu’un qui sort de chez l’ophtalmologue, les yeux dilatés à la lumière du jour. » On oublie de soumettre la citation au groupe. Mais, au détour de la conversation, Alix lâche tout de même: « À un moment, tu ne peux plus tricher avec la violence de ce qui t’arrive. Ça fait sauter tous les carcans que tu aurais pu encore éventuellement avoir, notamment dans la façon d’écrire, etc. »
Pour autant , 1200 mètres en tout n’est ni un album de confinement (« ce serait mentir« ), ni tout à fait un disque de deuil. Il parle aussi de frites-mayo et de Jean Alesi, de paternité désirée/redoutée et de couscous au beurre rance. Alix: « T’as déjà goûté? C’est vachement bon. Mon père est né au Maroc. C’est comme ça qu’on le fait normalement au bled. Au premier abord pour un Occidental, c’est dégueulasse. Mais en fin de compte, c’est quand même un plat qui vient de chez eux, donc s’ils prennent du rance, c’est pas pour rien. C’est une manière de dire qu’il ne faut pas s’arrêter à la première impression. C’est comme ça qu’on se dépasse, et qu’on devient meilleur. » 1200 mètres en tout brasse donc large, refusant de s’enfermer dans une humeur. C’est son principe même: réussir à parcourir le nuancier des sentiments, y compris en les mélangeant, parfois dans le même morceau. Illustration avec la vidéo d’Une danse de mauvais goût, en collaboration avec Mansfield.TYA (lire l’encadré), titre à la mélodie crève-coeur. Postée en mars de l’année dernière, elle est suivie une mois plus tard par celle de Géranium, l’un des morceaux les plus tubesques du disque. « J’ai fait fleurir de beaux géraniums« , chante Jaco, guilleret, s’amusant à montrer l’envers du décor du clip précédent, dégoupillant en quelque sorte sa dramaturgie. Alix: « Ce sont les deux faces de la même pièce. C’est nos vies qu’on passe à la moulinette. J’ai pas besoin d’en rajouter. Je ne vais pas faire croire, par exemple, que je me taillade les veines le soir. Avec Odezenne, j’ai au contraire cette chance d’être avec des personnes, qui, malgré les circonstances, m’aident à trouver de l’humour, à croire que l’avenir va être meilleur. »
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« La vie est un cinéma« , indique Odezenne, à propos de la vidéo de Géranium. En l’occurrence, elle prend volontiers la forme d’une comédie à l’italienne. Et pas seulement à cause des intonations de variété napolitaine, de plus en plus appuyée par Mattia. Mais aussi par cette manière de combiner dans un même geste joie et tristesse, insouciance et profondeur, blagues potaches et sentences politiques à peine voilées. De quoi faire chanter à Jaco dans Palavas-les-Flots: « Je suis amadoué par la délicieuse ironie de la vie« . Dans 1200 mètres en tout, elle se niche un peu partout. Parfois dans les endroits où on s’y attend le moins. Le meilleur exemple est sans doute M. Fétis, qui ouvre le disque. Qui est-il? Alix: « Enfin quelqu’un qui nous pose la question! (rires) M. Fétis, c’est un mythomane. Il était intéressé par mon appartement que j’avais mis en vente. On était en fin de tournée, l’affaire était bouclée. J’ai dit à ma meuf de nous rejoindre à New York, où l’on terminait une série de dates nord-américaines. On s’est offert des vacances un peu à la Jay Z/Beyoncé (rires). Sauf qu’en rentrant, je comprends que M. Fétis n’existe pas, et qu’il ne va pas acheter. Du coup, je prends une avocate, pour essayer quand même de récupérer des thunes. Mais on n’arrive pas à l’attraper, il file toujours comme une anguille. Jusqu’au jour où ma soeur tombe malade. J’appelle mon avocate pour l’avertir, lui dire que je ne me désintéresse pas de l’affaire mais que je dois encaisser le choc. C’est là qu’elle me dit que sa soeur est spécialiste des cancers des ovaires chez les femmes de moins de 40 ans. À l’époque, Priska avait été déclarée inopérable. De fil en aiguille, on a réussi à trouver un toubib qui était OK pour une intervention. Donc, oui, d’un côté, M. Fétis est ce grand fils de pute qui fait que je me retrouve fauché. Mais de l’autre, « grâce » à lui, j’ai trouvé un médecin, qui a permis de vivre 18 mois magnifiques supplémentaires avec ma petite soeur. Rien que pour ça, il méritait quand même une chanson » (rires).
Jeu collectif
Entre-temps, Alix a fini par trouver un nouvel appartement. Juste avant l’interview, il a encore couru à la banque pour signer les derniers papiers. C’était devenu urgent. Les travaux ont en effet déjà commencé. Pas pour y emménager tout de suite. Dans le centre historique de Bordeaux, l’appart’ va d’abord servir de décor pour le nouveau clip d’Odezenne, San Pellegrino, avec Pio Marmaï dans le rôle principal. Pendant que Mattia continue de préparer le set des prochains lives, ses deux camarades se rendent sur les lieux. En arrivant sur place, on tombe sur Mariama, compagne d’Alix. Elle s’apprête à monter dans une camionnette de location pour aller faire des derniers achats pour le set. Mais l’habitat est un peu exigu pour son ventre rebondi: Mariama est enceinte de plus de huit mois… Le bébé est attendu pour ces jours-ci, en même temps que le nouvel album d’Odezenne. La délicieuse ironie de la vie, donc…
Pendant ce temps, au quatrième étage (sans ascenseur), l’équipe s’agite. Il y a Cédric, vendeur de vélos, pote de longue date qui est venu donner un coup de main, tandis que sa copine Lena prend des photos des préparatifs. Adrien Benoliel est également dans le coin. Réalisateur et chef op, il a commencé dans la musique: « À l’époque, j’avais même invité les garçons à faire la première partie de mon groupe. C’était un de leurs premiers concerts, à l’Inca, une cave-concert, à quelques mètres d’ici! » Réalisateur de plusieurs clips d’Odezenne, Romain Winkler a l’air, lui, de réaliser l’ampleur du défi: un tournage de 24 heures chrono, pendant lesquelles l’appartement sera mis à sac par un Pio Marmaï en plein pétage de plombs. « Il s’agirait pas qu’il se blesse en pétant un miroir ou en se pendant au lustre… » Alix: « J’aimais bien l’idée de tout casser, pour passer à autre chose. C’est l’idée de renaître… »
À voir aussi le boulot avancer en direct, on comprend que l’esprit collectif vanté par le trio n’est pas factice. Quelques heures plus tard, on continue d’en discuter avec Jaco, devant des sushis et une soupe miso. « Quand on part en tournée, c’est sans tour bus, avec juste deux camionnettes. Et tout le monde est payé la même chose, du roadie au chanteur. » Il raconte encore sa vie d’avant -à bosser dans les vignes ou à vendre des espaces publicitaires en margoulin magnifique, pour finir par tomber dans la poésie baudelairienne et le slam, et rejoindre enfin Odezenne. Au départ, une embarcation post-rap un peu bancale, invitée à rejoindre Oxmo Puccino en freestyle, ou à assurer les premières parties d’Orelsan (« Un soir, bourré, j’avais distribué tous les posters du merchandising à ses fans. Gringe a déboulé dans notre loge, furax, ah ah ah« ). Aujourd’hui, Odezenne est l’un des groupes indé les plus célébrés de France, assez unique en son genre. Une bromance ultra, dont on n’a toujours pas réussi à percevoir les failles, prolongée dans une sorte d’utopie collective, forcément politique. « Ce lien qu’on a, c’est un luxe qu’on chérit, plus que jamais. »
On y repense encore, sur le chemin de retour. Il est alors pas loin de minuit, et les rues de Bordeaux se vident petit à petit. Devant la cathédrale, le sapin réac’ a disparu. On apprendra plus tard qu’il a été confié à une association venant en aide aux migrants. « Vu d’ici, tout va bien« …
« Ça doit être l’un des rares morceaux dans l’Histoire de la musique à se retrouver sur deux disques en même temps« , s’amuse Julia Lanoë. La moitié de Mansfield.TYA chante avec Alix sur Une danse de mauvais goût, titre-charnière du nouvel album d’Odezenne et… de Monument ordinaire, son propre album sorti l’an dernier. « Quand ils ont demandé pour pouvoir l’inclure dans leur disque, Carla (Pallone) et moi étions trop contentes. »
Cela fait un moment que les deux formations se fréquentent. « On s’est d’abord pas mal écoutés les uns les autres. J’ai beaucoup fait tourner Vodka par exemple, et eux Bleu lagon. Puis on a joué plusieurs fois ensemble. La première fois, c’était au Printemps de Bourges. Par la suite, on a gardé contact. Avec Alix, j’ai même développé une vraie relation épistolaire, presque à l’ancienne, mais via de longs SMS. Il fallait bien que ça se concrétise dans un morceau. » Sur Monument ordinaire, il y en aura deux: Le Couteau avec Jaco, et Une danse… avec Alix. « Je sortais d’une période compliquée (le décès de sa compagne, en 2017, NDLR), Alix traversait aussi une mauvaise passe. C’était un drôle de moment pour tous les deux. »
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Comment, de l’extérieur, analyse-t-elle le fonctionnement atypique d’Odezenne? « Il y a un vrai roulement, où chacun a ses points forts, mais où tout le monde participe à tout et écoute l’autre. » Trop beau pour être vrai? « Je vois bien ce que vous voulez dire. Moi aussi au début, je pensais qu’on me mentait, j’avais presque l’impression d’être face à un boys band (rires). Mais en fait, c’est vrai! Ils se connaissent depuis toujours, créent ensemble, habitent ensemble, voyagent ensemble. »
Depuis Dolziger Str. 2, Odezenne a trouvé la formule parfaite, le véhicule idéal pour mettre ses sentiments en musique. Vu sa trame de fond, 1 200 mètres en tout aurait pu cultiver une noirceur compréhensible. Au lieu de ça, il dégage une énergie lumineuse, sublimant la mélancolie. À certains égards (Géranium, Palavas-les-Flots), c’est même le disque le plus ouvert d’Odezenne. Plus que jamais, le groupe réussit cet équilibre flottant entre candeur assumée (Candi) et jeu de piste à déchiffrer (Regarde si c’est loin), écriture impressionniste et traits politiques (« C’est la paix qu’on a peinte, métissée« , dans Svengo), récréations avouées (Bitch) et petits miracles improbables (Mamour, faisant se rencontrer Nino Ferrer et Daft Punk). Certes, le chaos n’est pas loin. « Mon Dieu, que ça prend de la place l’absence« , chante Jaco sur Hardcore. Mais Odezenne rend coup pour coup (« Au pied! » , ordonne Alix sur Vu d’ici), bouleversant même dans sa manière de se serrer les coudes (Pablo).
- Distribué par Universeul. ****
- Le 10/02 à l’AB, Bruxelles, les 05 et 06/03 au Reflektor, Liège.
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