DISTRIBUTION DES PRIX – QUELQUES SEMAINES APRÈS AVOIR TRUSTÉ CÉSAR, OSCARS ET AUTRES MAGRITTE, TROIS FILMS MAJEURS DE 2011 SORTENT EN SUPPORTS BLU-RAY ET DVD.

DE MICHEL HAZANAVICIUS. AVEC JEAN DUJARDIN, BÉRÉNICE BEJO, JOHN GOODMAN. 1 H 40. DIST: TWIN PICS.(1)

DE BOULI LANNERS. AVEC ZACHARIE CHASSERIAUD, MARTIN NISSEN, PAUL BARTEL. 1 H 24. DIST: TWIN PICS.(2)

DE PIERRE SCHOELLER. AVEC OLIVIER GOURMET, MICHEL BLANC, ZABOU BREITMAN. 1 H 52. DIST: TWIN PICS.(3)

Cinq Oscars, six Cesar, n’en jetez plus, la coupe est pleine: The Artist restera comme le film événement de 2011; un succès d’autant plus inattendu qu’en optant pour un film muet et en noir et blanc, Michel Hazanavicius n’avait certes pas choisi la voie de la facilité. On ne reviendra pas ici sur les détails de la folle aventure ayant conduit le film de Cannes à Hollywood; son parcours en salles n’est pas encore terminé que le voilà déjà qui sort en Blu-ray. C’est peu dire que le support sied parfaitement à The Artist, et à l’admirable photographie de Guillaume Schiffman. L’histoire croisée de George Valentin et Peppy Miller sur arrière-plan de passage du muet au parlant demeure source de pur enchantement, admirablement servie par le char(is)me de Jean Dujardin et Bérénice Bejo. Soit 100 minutes d’un bonheur toujours renouvelé, que complètent des boni modestes, à savoir des interviews (en anglais) de Bérénice Bejo et Michel Hazanavicius (lequel établit notamment une parenté entre le chien Uggy, Milou, et le Asta du Thin Man), un bêtisier et un micro making of.

A l’inverse, les compléments de l’édition Blu-ray des Géants, le troisième long métrage de Bouli Lanners, plébisicité pour sa part aux Magritte, sont particulièrement généreux. On y trouve notamment On the Road Again, le remarquable portrait consacré par Benoît Mariage à un Bouli qui s’y dévoile comme rarement, mais aussi une évocation décalée du tournage par ses trois jeunes comédiens, Zacharie Chasseriaud, Martin Nissen et Paul Bartel. A leur suite, le film entraîne le spectateur dans une curieuse équipée, une sorte de Stand By Me sous des cieux wallons sublimés, voyage initiatique qui va projeter ces trois ados livrés à eux-mêmes dans un horizon incertain qui sera aussi celui de tous les possibles. S’il emprunte largement à l’univers des contes, Les Géants vient confirmer, après Ultranova et Eldorado, la cohérence thématique et esthétique de l’£uvre de Bouli Lanners, qui prend ici des contours singulièrement enivrants -on n’est pas près d’oublier son épatant trio de géants lancés dans l’aventure de leur vie.

Enfin, L’exercice de l’Etat, de Pierre Schoeller (trois Cesar, dont celui du meilleur second rôle à Michel Blanc) donne à vivre la chose politique de l’intérieur, sur les pas d’un ministre français des Transports (Olivier Gourmet, impressionnant) à qui l’urgence n’en finit plus d’imposer sa ligne de conduite. Film-tourbillon sur l’addiction au pouvoir, L’exercice de l’Etat produit une impression aussi inconfortable qu’indélébile. Soit une £uvre viscérale et physique (pour évoquer la fonction, l’image du sportif de haut niveau s’impose tant à l’acteur qu’au réalisateur, objets de courtes interviews), résolument en prise sur une époque qu’elle empoigne avec une force et une acuité peu courantes, et magistralement servie par une mise en scène percutante. En tout état de cause, trois films à (re)voir d’urgence. l

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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