La Cavale de Jaxie Clackton

Une fois n’est pas coutume, tout ou presque est dans le titre: Jaxie est en cavale. Parce qu’il a retrouvé son abominable père écrasé sous le pick-up, et parce que tout le monde croira qu’il l’a tué, ce salopard. Donc Jaxie cavale et va crapahuter à pied, entre bush australien, lac salé surchauffé et monologue intérieur. Jusqu’à rencontrer presque en même temps, dans ce grand nulle part sans électricité ni espoir et dans un accès de violence crue, un prêtre défroqué et une montagne de beuh qui vont changer sa vie. L’Australien Tim Winton publiait jusque-là ses polars chez Rivages. Le voilà à La Noire, par la grâce d’un récit qui se distingue par son écriture, à hauteur d’adolescent désoeuvré, et par sa construction en deux temps, de quoi multiplier plus que de coutume les non-dits (sur le passé du prêtre, la culpabilité de Jaxie ou les raisons profondes de la tuerie à venir) pour mieux scruter l’instant présent. Mais peut-être aurait-il fallu traduire littéralement le titre original ( The Shepherd’s Hut, « La Cabane du berger ») pour en mesurer directement l’importante dimension christique, faite de mystères, de culpabilité et de sacrifice, et un peu brumeuse au final malgré le brio et le tranchant du texte.

De Tim Winton, éditions Gallimard/La Noire, traduit de l’anglais (Australie) par Jean Esch, 304 pages.

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