Egotrip

 » Qu’est-ce que vous allez bien pouvoir faire d’une prothèse de hanche? Y a pas que la marche dans la vie! » Employé au service des adhérents d’une mutuelle santé, Edgardo Caprano n’attend pas midi pour se sentir minable. Dès le matin, il envisage de se jeter sous le métro de Buenos Aires:  » Te rater peut te condamner à une existence atroce. » Pour l’heure, quand il ne peut pas voir sa fille, Edy crèche dans sa bagnole et tente de temporiser ses accès de dépression suicidaire… Rohypnol du matin, coke au petit-déjeuner, 8 Hermanos et joint à l’heure du thé: la plongée dans un monde de médocs, d’acides et d’alcool va précipiter sa chute. Le voici qui se carapate vers le sud, dans une fuite démentielle au milieu du désert. Après avoir croisé la route de l’Indien Roque enlevé par des extraterrestres, il se fait passer pour un motard ukrainien préparant le Dakar et devient l’esclave d’un vieux travesti nazi. Y en a un peu plus, j’vous le mets quand même? Tantôt rock, tantôt pulp, toujours borderline, ce road-trip de la déglingue balance la sauce piquante au fil des onze cahiers grattés par Caprano. On se prend d’affection pour cet insupportable anti-héros tressant des louanges à Jarvis Cocker dès la première page. Ça débute comme du Houellebecq un cactus dans le bec, ça monte dans les tours pour emboutir Breaking Bad et Fight Club, et on citera Kerouac pour attraper la floche. Peut-être Maggiori aurait-il pu s’épargner une mise en abyme formelle, coquetterie d’un autre âge par rapport à son kaléidoscope de marginaux gratiné. À part ça, de la dynamite:  » J’ai pris feu.« 

De Germán Maggiori, éditions Inculte, traduit de l’espagnol (Argentine) par Nelly Guicherd, 380 pages.

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