Critique

Cannes: En guerre, une oeuvre coup de poing

Vincent Lindon dans En guerre, de Stéphane Brizé © DR
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le nouveau film de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, s’immisce avec une énergie rare au coeur d’un conflit social dur.

« Celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Empruntée à Bertolt Brecht, l’exergue ouvrant En guerre, le nouvel opus de Stéphane Brizé, en pose clairement les enjeux, le film s’immisçant avec une énergie rare au coeur d’un conflit social dur. Le point de départ, c’est un bulletin d’informations, et un refrain que l’on n’a que trop entendu: une entreprise -les établissements Perrin, à Agen, en l’occurrence- réalisant des bénéfices confortables, mais dont les actionnaires en voudraient encore plus. Et donc décidée à délocaliser, au mépris des promesses faites aux salariés en échange de lourds sacrifices. C’est sans compter, toutefois, sur la résistance opiniâtre de ces derniers qui, menés par Laurent Amédéo (Vincent Lindon), un délégué syndical de la CGT, et quelques autres, vont faire front, d’assemblées (houleuses) en actions sur le terrain, bien décidés à tout tenter pour sauver leur emploi…

Cannes: En guerre, une oeuvre coup de poing

Renouant avec la veine sociale qui irriguait La Loi du marché, Stéphane Brizé signe, avec En guerre, une oeuvre coup de poing. Prenant son sujet à bras-le-corps, le réalisateur opte pour une approche quasi documentaire, accentuant le réalisme du récit en le scandant d’actualités télévisées (venues en outre utilement éclairer le débat), tout en dopant la dramaturgie d’une énergie n’étant pas sans évoquer celle qui électrisait le 120 Battements par minute de Robin Campillo. Le résultat est soufflant, le film décryptant les lois des marchés pour mieux en cerner les conséquences humaines, dévastatrices. Porté par la vigueur de sa mise en scène, En guerre est aussi puissamment incarné par ses interprètes. Vincent Lindon en tête, vrai comme souvent, mais aussi les non-professionnels qui l’encadrent, et qui se jettent dans la bataille comme si leur vie en dépendait -ce qui, étant donné le contexte social du moment, est plus qu’une vue de l’esprit. Soit un cri de colère ayant le don de dessiller si besoin, au coeur d’une oeuvre aussi urgente que nécessaire.

De Stéphane Brizé. Avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Olivier Lemaire. 1h52. Sortie: 23/05. ****

>> Lire aussi notre interview de Vincent Lindon etle grand entretien avec Stéphane Brizé dans le Vif cette semaine.

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