Critique

Le cas Tellier, sur grand écran

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Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Dandy lunaire, mélodiste génial, Sébastien Tellier est l’objet d’un documentaire forcément truculent, qui ne perd jamais de vue l’essentiel: sa musique. Présenté ce vendredi au Kinograph, en présence du réalisateur.

Le 29 septembre, Sébastien Tellier aurait dû débarquer sous le grand chapiteau des Nuits Botanique. C’était l’occasion pour lui de venir présenter son dernier album, paru en début d’année, Domesticated. Las, le Covid est passé par là: comme beaucoup d’autres, le grand barbu a dû reporter son concert, ainsi que l’ensemble de sa tournée. Les amateurs pourront toutefois se rattraper au cinéma, en allant voir Sébastien Tellier: Many Lives, le documentaire que lui a consacré François Valenza.

En 20 ans de bougeotte musicale, Tellier est devenu incontournable sur la scène française. À sa manière: à la fois populaire et à la marge, oscillant sans cesse entre le personnel et le personnage, l’élégance aristocratique et le génie populaire, le grotesque et le bouleversant. C’est d’ailleurs à ces ambiguïtés que le documentaire a décidé de s’attaquer. Ou qu’il a plutôt cherché à illustrer, le plus simplement et fidèlement possible. Pour cela, François Valenza a remonté non pas la biographie du bonhomme, mais bien sa discographie, album après album -de L’Incroyable Vérité, enregistré sans batterie, jusqu’à L’Aventura, en 2014.

Il a pris en outre le pli de ne pas interroger directement son sujet. Sans doute parce que celui-ci est depuis longtemps insondable, passé maître dans l’art de l’esquive. Ou qu’au contraire, il s’est toujours montré transparent? Dans ce cas, il existe en effet déjà beaucoup de documents et autres interviews pour qui veut cerner le bonhomme. Pour le meilleur et pour le pire d’ailleurs (son passage chez Ruquier en pleine période Pépito bleu).

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De La Ritournelle à l’Eurovision

À côté de ces archives, Valenza a interrogé les proches de Tellier, ceux qui sont souvent là depuis les tout débuts: le compagnon de défonce Mathieu Tonetti, le producteur Marc Teissier du Cros, qui signera ses premiers enregistrements sur le label Source, Rob le musicien fidèle, mais aussi Jean-Benoît Dunckel de Air, Christian Mazzalai et Laurent Brancowitz de Phoenix, le regretté Philippe Zdar ou encore Christophe et Jean-Michel Jarre. Tous fans du musicien et de son ambition, souvent un peu folle.

Pendant un peu plus d’une heure et quart, Many Lives met ainsi la main sur les images d’un premier live piano-voix, déjà lunaire, dans un petit café-cabaret parisien; évoque les tournées décadentes en première partie de Air; s’attarde sur l’épisode folklorique de l’Eurovision (il finira 18e sur 25); sans oublier de se pencher sur le dérapage à peine contrôlé de My God Is Blue, pendant lequel Tellier enfila la toge de gourou post-hippie. Évidemment, le documentaire s’attarde longuement sur La Ritournelle, classique intemporel de la pop, le genre de beauté intouchable qui marque une vie. Car c’est bien ça, la force de Tellier: malgré les fanfaronnades droguées, les excentricités ou les poses de clochard céleste, la musique finit toujours par prendre le dessus.

Sébastien Tellier: Many Lives

De François Valenza. Avec Christophe, Jean-Michel Jarre, Xavier Veilhan. 1h20. Présenté le 26/09 au Kinograph, à Ixelles, en présence notamment du réalisateur. ***(*)

Le cas Tellier, sur grand écran

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