Pourquoi aller dans les musées est bon pour la santé

Fréquenter les musées est bon pour le moral et pour les artères.
Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Une nouvelle étude le prouve: aller dans les musées est bon pour la santé, mentale mais aussi physique. La beauté, nouveau médicament miracle?

Et si pour vivre plus longtemps et en meilleure santé, il suffisait de se rendre régulièrement au musée? «Oui, c’est fou… une sculpture et deux tableaux plus tard, le monde tourne mieux», me confiait récemment une amie en sortant d’une de ces cathédrales célébrant la beauté, comme si la contemplation d’œuvres d’art suffisait à chasser les nuages.

Ce n’est d’ailleurs pas qu’une impression, c’est scientifiquement prouvé. En 2019, une étude publiée par l’University College de Londres, portant sur un vaste échantillon de 6.000 personnes, révélait déjà une mortalité moindre chez les habitués des galeries et salons. On savait que l’espérance de vie était indexée sur l’alimentation, le sport et le sommeil, on découvrait que le compagnonnage culturel pouvait aussi jouer un rôle. Ce qui n’étonnera pas ceux qui sont déjà tombés en pâmoison devant une toile de Basquiat ou de Borremans, ou en lévitation devant une installation de Carl Andre. Le dialogue avec le songe d’un artiste provoque régulièrement un lâcher-prise intérieur qui tend vers une forme d’apaisement ou d’exaltation. Quand la rencontre a lieu, on n’en sort pas indemne…    

La même année, l’Organisation mondiale de la santé enfonçait d’ailleurs le clou en publiant un rapport préconisant la pratique et la consommation artistique pour leurs bienfaits tant physiques que psychiques. Le Canada n’avait pas attendu cette validation pour lancer ses «prescriptions muséales» dès 2018. Bruxelles lui a emboîté le pas en 2022 dans le cadre d’un projet pilote impliquant cinq musées locaux et 33 médecins du service de psychiatrie du CHU Brugmann. Le principe est simple: des malades souffrant par exemple de dépression se voient proposer sur ordonnance des visites, accompagnées ou non, dans l’une des institutions participantes. L’occasion de rompre l’isolement socioculturel, de s’évader ou de retisser du lien social et affectif grâce à ce média. Une «muséothérapie» entièrement remboursée. Les retours ont été hyperpositifs, au point qu’en juin 2024, le dispositif a été reconduit et élargi à 18 structures médicales et quatorze institutions culturelles de la capitale.

Lentement mais sûrement, ce traitement par la beauté est en train de trouver sa place dans l’arsenal thérapeutique. Une médecine douce qui a aussi des vertus prophylactiques, comme le démontrait l’étude anglaise de 2019. Et que confirme une expérimentation menée entre 2000 et 2024 au Japon par un muséologue, Izumi Ogata. Il a pris les constantes de 1.300 personnes comme le rapporte le journal local Mainichi Shimbun, cité par le Courrier international. Résultats: diminution de la fatigue, baisse de l’anxiété et amélioration de la tension artérielle. Mieux qu’un anxiolytique. Et sans contre-indications.

S’il fallait encore une raison pour pousser la porte d’une expo, la promesse d’un peu d’éternité pourrait faire mouche. En plus de l’argument économique. Car soutenir la culture, c’est réduire à terme le budget des soins de santé.

Envie de commencer par une thérapie de choc? On vous recommande chaudement When We See Us, qui vient de s’ouvrir à Bozar. Un siècle de peinture panafricaine d’une incroyable richesse, à rebrousse-poil des stéréotypes européanocentrés. Une célébration de la vie noire, propice à la méditation, à l’extase et à la rêverie. Et avec un peu de chance, vous aurez aussi fait vos 10.000 pas quotidiens recommandés. Une double bénédiction pour vos artères!

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