Sur son nouveau projet, le dixième, Vald pète la forme. Toujours aussi drôle et désabusé, il va au charbon, resserrant la formule sans jamais l’épuiser.
Depuis le début, Vald semble n’en faire qu’à sa tête. Sans vrai plan -si ce n’est celui que lui trace son manager Merkus. Ni ambition claire -si ce n’est celle de miner les trajectoires trop monotones. Vald dynamite, disperse, ventile, à coups d’absurde et d’humour désenchanté. S’il fallait vraiment trouver une ligne de conduite, alors elle pourrait se résumer par le titre de ses premiers EP: NQNT. L’acronyme de « Ni queue, ni tête » pour celui qui a obtenu son premier fait d’armes en donnant des leçons de politesse (Bonjour, en 2015). Vald ou l’équivalent de l’erreur 404 dans une matrix rap bien huilée…
À un détail près: Vald n’a jamais voulu non plus se contenter du rôle de troll grinçant et défoncé. Le Parisien veut le beurre (rance) et l’argent qui va avec. Être l’anomalie et la tête d’affiche. Un titre en particulier a symbolisé ça: Désaccordé, en 2018. Tiré de l’album Xeu, le single va faire un carton. Sans rien trahir, le rappeur touchera un public plus large. Résultat: un jour, on allume la télé et on tombe sur Vald dans The Voice, appelé par Marc Lavoine pour coacher ses candidats…
Au fond, Vald n’avait jamais rien voulu d’autre. Quitte à flouter toujours plus son identité. Et finir par perdre un peu le public? En 2019, Ce monde est cruel reçoit un accueil plus mitigé. Vald marque le pas. Un peu plus de deux ans et une pandémie plus tard, il revient avec un quatrième album. Simplement intitulé V, c’est une vraie réussite, resserrant la formule sans jamais l’essorer.
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Soutier du rap
Pandémie ouvre le bal. Une manière de mettre les pieds dans le plat, entre considérations perso (« J’ai fait six mois de Covid/J’ai perdu 15 los-ki« ), traits désabusés (« C’est peut-être bien nous le virus pour la Terre« ) et sample de circonstance (Macron dans le texte -« Nous sommes en guerre« ). Au moins, le confinement aura permis au rappeur de se poser. Pas qu’il ait vraiment chômé (outre deux premières compiles de son label Echelon, il a également sorti un album avec Heuss l’Enfoiré). Mais là où ses disques précédents n’étaient pas toujours exempts de moments de flottement, V file plus droit. À l’image de Sur un nouvel album, qui détaille la vie de soutier-rappeur, ou encore de Peon, accompagné d’Orelsan: Vald va au charbon. Changeant de style à chaque titre, il en profite pour remettre en avant sa technique. Le discours toujours aussi sarcastique (« Touchez plus à rien, j’ai ma vie idéale/Y a plus qu’à décorer, je t’attends pour Ikea » sur Maudit, avec Hamza), mais osant également baisser la garde ici et là (Laisse tomber)
Même s’il fait l’impasse sur les cornichonneries habituelles (Footballeur, la blague reggae sortie l’été dernier, est absent du disque), V n’est toujours pas un album rap comme les autres (le beat dance de Regarde toi, le gimmick de flûte sur Papoose). « Toujours pas au point avec mon image/Imagine un peu tous ceux qui nous calculent toujours pas/ parce qu’on est bizarres« , constate ainsi Vald. Pour le coup, il n’est pas impossible que son nouvel album rectifie un peu le tir.
Vald, « V », distribué par Echelon/Sony. ****
En concert le 14/10, Palais 12, Bruxelles; à Dour Festival (du 13 au 17 juillet).
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