Tennis et cinéma: quand le 7e art court après la petite balle jaune

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Challengers, le nouveau film de Luca Guadagnino, se déroule dans l’univers très spécifique du tennis. Focus sur la balle jaune au cinéma, entre audacieuses montées au filet et solides attaques du fond du court.

Sport réputé peu cinégénique, et en tout cas objectivement beaucoup moins présent dans l’Histoire du 7e art que la boxe ou le football par exemple, le tennis n’en irrigue pas moins son lot de fictions cinématographiques. Il leur sert bien souvent de simple toile de fond, s’immisçant à l’écran le temps de l’une ou l’autre scène seulement, comme dans L’Inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock (1951), Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert (1976), La Famille Tenenbaum de Wes Anderson (2001), Les Berkman se séparent de Noah Baumbach (2005), Élève libre de ­Joachim Lafosse (2008) ou bien encore Bridesmaids de Paul Feig (2011). Ce qui ne l’empêche pas de donner lieu, à l’occasion, à quelques moments absolument cultes: c’est le cas, par exemple, dans cette irrésistible scène des Vacances de Monsieur Hulot (1953) où Jacques Tati réinvente les rudiments du tennis à sa sauce burlesque, dans le vertigineux final du Blow-Up de Michelangelo Antonioni (1966) où l’on mime un match sans raquette et sans balle, ou bien encore dans les parties absolument magiques qui émaillent Les Sorcières d’Eastwick de George Miller (1987) et Les Aventures d’un homme invisible de John Carpenter (1992).

À l’instar de Challengers, le navet publicitaire de Luca Guadagnino à la gloire de Zendaya, d’autres films font, a contrario, du tennis un enjeu narratif, voire esthétique, tout à fait majeur. En voici un florilège non exhaustif.

Jeu, set et match

D’Ida Lupino – 1951

Comédienne de renom (elle a joué chez Raoul Walsh, Michael Curtiz ou Charles Vidor), scénariste et cinéaste très fine dans son observation du quotidien et de la condition des femmes, l’Américano-­Britannique Ida Lupino réalise au début des années 50 ce drame sportif noyauté autour d’une mère ambitieuse et cupide, frustrée de sa condition sociale, qui pousse sa fille à devenir une grande championne de tennis au détriment de son épanouissement personnel. Comme dans Challengers, la passion amoureuse, le désir et la gagne se complètent et s’affrontent dans ce film sur l’envers piégeux du rêve américain.

Le Jardin des Finzi-Contini

De Vittorio De Sica – 1970

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Adapté d’un roman de l’auteur d’origine bolonaise Giorgio Bassani, ce film oscarisé de l’un des pères du néoréalisme italien se concentre sur les relations entre jeunes gens de la bourgeoisie juive de Ferrare, en Émilie-Romagne, à la fin des années 30, alors que l’accès au club de tennis 
de la ville vient d’être interdit aux Juifs. De plus en plus menacés par le régime fasciste de Mussolini, ils se rassemblent sur et aux abords du court de tennis du domaine de la famille Finzi-Contini, véritable îlot retranché et ultime espace sécurisé à l’abri des murs de leur immense parc aux allures de paradis perdu.

Match Point

De Woody Allen – 2005

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Délaissant Manhattan pour Londres, Woody Allen signe un quasi thriller au scénario dostoïevskien où un prof de tennis 
d’origine modeste (Jonathan Rhys-Meyers) engagé dans un club huppé séduit une jeune femme de la haute société (Emily Mortimer) avant de se sentir irrésistiblement attiré par la belle-sœur de celle-ci (Scarlett Johansson). Le dilemme qui se présente alors à lui est semblable à cette balle jaune s’immobilisant sur l’arête du filet, sans que l’on sache encore de quel côté elle va retomber. Un bon film travaillé par les thématiques de la morale, du désir, de l’argent et de la chance.

Terre battue

De Stéphane Demoustier – 2014

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Le tennis s’érige en métaphore à peine voilée de la violence d’une société ayant fait de la concurrence et de la réussite des vertus cardinales dans ce film français librement inspiré d’une histoire vraie qui questionne le pouvoir et la masculinité, ainsi que les règles et les limites que l’on choisit de se fixer (ou non). Olivier Gourmet et Valeria Bruni Tedeschi y jouent les parents de classe moyenne d’une véritable graine de champion, Ugo, 11 ans, qui, comme son père, semble absolument prêt à tout pour arriver à ses fins. Un drame social hanté par le spectre de la défaite, et donc de l’échec.

Battle of the Sexes

De Valerie Faris et Jonathan Dayton – 2017

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Sortie la même année que Borg/McEnroe de Janus Metz Pedersen, cette sympathique comédie sportive réalisée par le tandem responsable de Little Miss Sunshine raconte les coulisses de la rencontre à la portée hautement symbolique (du combat pour l’égalité) qui, en 1973, opposa Billie Jean King, reine incontestée du tennis mondial de 29 ans, et Bobby Riggs, ancien champion misogyne et provocateur de 55 ans. Mais c’est également à la victoire triomphante du divertissement sur le débat d’idées que le film invite à assister, épinglant l’effarante surenchère publicitaire ayant entouré ce match devenu culte.

La Méthode Williams

De Reinaldo Marcus Green – 2021

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Derrière le King Richard donnant son titre original au film de Reinaldo Marcus Green, futur réalisateur du biopic sur Bob Marley, se cache bien évidemment Richard Williams (interprété par Will Smith), opiniâtre paternel des championnes Venus et Serena Williams. Un personnage au caractère bien trempé, à la fois visionnaire et tyrannique, comme il ressort de ce long métrage très classique déclinant leur enfance et leur adolescence en une success story où le tennis se fait le moteur d’une ascension sociale mais aussi d’une véritable affirmation de soi dans un contexte racial pour le moins compliqué.

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