Sorties ciné: un (mauvais) biopic sur Aznavour, un clown ultra sadique et un polar perché d’Alain Guiraudie
Miséricorde, Monsieur Aznavour, Challenger, Waaroom Wettelen ou encore Terrifier 3: zoom sur les sorties ciné de la semaine.
Qui dit mercredi, dit sorties ciné. Tour d’horizon des films à l’affiche à partir du 23 octobre.
Miséricorde (4/5)
Deux ans après Viens je t’emmène, Alain Guiraudie (L’Inconnu du lac, Rester vertical), cinéaste aveyronnais à l’univers génialement iconoclaste, adapte dans Miséricorde à nouveau certains éléments présents dans son incroyable roman-fleuve Rabalaïre (2021). En résulte un polar automnal résolument perché où un jeune homme, Jérémie, revient dans son village natal de Saint-Martial pour l’enterrement de son ancien patron boulanger.
Il s’incruste pour quelques jours chez la veuve de ce dernier, Martine, sous l’œil courroucé du fils de celle-ci. Entre une sombre disparition, un voisin menaçant et un curé aux intentions floues, son séjour prend alors une tournure particulièrement inattendue… Grand film sur la circulation du désir et l’imminence de la mort, Miséricorde sinue avec délice entre drôlerie, étrangeté et mystère.
Lire la critique | Miséricorde: un polar automnal résolument perché d’Alain Guiraudie
Monsieur Aznavour (1,5/5)
Sagement chapitré par les titres des tubes du chanteur, Monsieur Aznavour déroule les dates clés de sa vie, de son enfance pendant la guerre à l’acmé de sa carrière, quand il est enfin en haut de l’affiche, occultant ce qui aurait pu être passionnant, à savoir comment se remet-on d’avoir réalisé son rêve. Le film dévoile bien peu d’aspérités, se contentant assez vite avec une certaine complaisance de célébrer ses succès.
On était curieux de découvrir Tahar Rahim dans le rôle titre, mais ce qui émerge, c’est un personnage étrange qui n’est ni l’acteur, ni le chanteur, affublé de prothèses trop visibles, et comme obsédé par une gestuelle à restituer. Quant aux scènes de chant de ce Monsieur Aznavour, elles sont trop platement réalisées que pour comprendre vraiment la passion qui anime Aznavour. Un rendez-vous manqué.
Lire la critique | Monsieur Aznavour: un biopic en forme de rendez-vous manqué
Challenger (1,5/5)
Dans Challenger, un cuistot qui se rêve boxeur a embrigadé sa pote téléopératrice pour lui dégoter des combats. Sur les bases de cet équipage bancal, les affrontements qui s’ensuivent ne le sont pas moins, jusqu’à ce que, sur un malentendu, le boxeur amateur se retrouve programmé contre un champion.
Cette comédie résolument populaire de Varante Soudjian laisse espérer quelques instants un regard un peu frais quoique pas révolutionnaire sur le genre, notamment grâce à la relation qui unit le boxeur à sa coach, qui intrigue tant qu’elle reste floue, jusqu’à ce qu’on la comprenne trop bien (ils étaient amoureux, c’était en fait une comédie romantique). Alourdi par un combat final interminable, et des « méchants » aussi plats que lourdauds, Challenger ne se révèle pas à la hauteur des espoirs (poids légers) que l’on plaçait en lui.
Waarom Wettelen (2,5/5)
Àl’instar d’un Paul Auster, certains écrivains ont réussi à transposer leurs aspirations littéraires sur grand écran. Cette fois, c’est au tour du Belge Dimitri Verhulst de s’y coller, avec Waarom Wettelen. Mais l’entreprise reste fragile, même pour un auteur de best-sellers en Flandre. Dans son film, il nous entraîne au cœur d’un cortège funèbre derrière un corbillard jusqu’au village de Wettelen.
La défunte voulait y être enterrée, mais personne ne sait pourquoi. Waarom Wettelen? commence comme une tragi-comédie espiègle sur des âmes en quête qui apprennent à mieux se connaître dans le sillage d’un cercueil et de ses secrets. Mais le rythme s’essouffle, et les dialogues pleins d’esprit alternent avec d’autres plus fades, tandis que certains personnages auraient mieux fait d’être abandonnés en cours de route. Au final, le film ne creuse pas en profondeur, et l’absurdité ne fait pas toujours mouche.
Lire la critique | Waarom Wettelen?: le premier film de l’écrivain flamand Dimitri Verhulst
Terrifier 3 (3/5)
Dans ce troisième volet de Terrifier, le roi du slasher Damien Leone porte le grotesque à son plus haut niveau. Après sa décapitation dans le deuxième volet, Art le Clown est de retour pour une joyeuse chasse à l’homme, cette fois en plein période de Noël. David Howard Thornton retrouve une nouvelle fois le nez crochu du clown démoniaque à l’insatiable soif de sang et au silence insupportablement inquiétant pour s’en prendre à Sienna Shaw et son frère Jonathan.
L’intrigue de ce Terrifier 3 n’est qu’une excuse pour enchaîner les scènes de massacre. Damien Leone ne s’embarrasse guère de mythologie compliquée, il sait ce que son public vient chercher: du gore dépassant toute décence. Les effets spéciaux old school sont crades et exagérés, exactement comme l’attendent les fans de la franchise. Et Art n’est pas une métaphore, mais le mal dans sa forme la plus ridiculement brutale. Joyeux Noël!
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