Critique | Cinéma

Novembre, plongée sous haute tension dans la traque des terroristes des attentats de Paris

3,5 / 5
© National
3,5 / 5

Titre - Novembre

Genre - Thriller

Réalisateur-trice - Cédric Jimenez

Casting - Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain

Durée - 1h40

Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats de novembre 2015 inspirent à Cédric Jimenez un intense Zero Dark Thirty à la française.

Cédric Jimenez se défend d’avoir réalisé Novembre en réponse aux polémiques qui ont accompagné la diffusion de BAC Nord, son précédent film. “J’ai fini de tourner Novembre alors que BAC Nord n’était même pas encore sorti”, précise-t-il. On se contentera dès lors de constater que le réalisateur marseillais, singulièrement précautionneux pour le coup, a plus ou moins expurgé tout ce qui faisait problème dans son travail jusqu’à ce nouveau long métrage. Si Jimenez s’est toujours réclamé d’un geste de cinéma viscéral et instinctif, il semble en effet cette fois s’être posé un peu plus de questions qu’à son habitude. Sobre, pudique, élégant, ne cédant jamais à l’efficacité spectaculaire ou au sensationnalisme facile, le film vibre en tout cas d’une belle sincérité dans sa démarche. Novembre, film de la maturité?

© National

Écrit par Olivier Demangel, ce nouveau long métrage, plongée en apnée au cœur de l’anti-terrorisme français, s’ouvre brièvement sur une séquence à Athènes, en janvier 2015, où une tentative d’arrestation d’Abdelhamid Abaaoud, futur cerveau des attentats de novembre, échoue. La suite se voit strictement circonscrite aux cinq jours d’enquête intense qui ont suivi le drame. On y suit un étoilement de personnages volontairement désincarnés, ou en tout cas entièrement concentrés sur leur tâche: la traque et l’arrestation des responsables des tueries de Paris…

Haute tension

En adoptant la forme, aiguisée et fiévreuse, du récit obsessionnel d’une chasse à l’homme, Novembre évoque immanquablement, à dix ans de distance, le Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow (sur la traque d’Oussama Ben Laden, étalée sur plusieurs années celle-là). Certes, Cédric Jimenez ne possède pas tout à fait la virtuosité ni surtout la profondeur de la grande réalisatrice américaine. Mais, en quête permanente d’authenticité, il réussit un film-témoignage d’une redoutable maîtrise formelle. Si le choix de faire divertissement de la tragédie pose toujours forcément un peu question, Novembre ne cherche jamais les images chocs ni les effets putassiers, préférant travailler les motifs de l’inquiétude diffuse et de la sur-focalisation pour dessiner les contours secs et tranchants d’une implacable course contre la montre doublée d’un drame choral sous haute tension. Ce contrechamp finalement assez inédit aux images médiatiques fait le choix de ne pas s’attarder sur les visages des coupables et des victimes (une scène qui trouve la bonne distance à l’hôpital, tout de même) pour privilégier ceux, marqués, chargés de remettre de l’ordre dans le chaos occasionné par la violence. C’est là que le film, constamment en mouvement, trouve son indéniable force motrice et, mieux, sa véritable raison d’être.

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