Ciné | Un remake raté et une pépite: une Petite Sirène sans âme et un tout grand Franz Rogowski

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Estelle Spoto
Estelle Spoto Journaliste

Une Petite Sirène « moche et sans âme », Franz Rogowski qui sidère en légionnaire dans Disco Boy: tops et flops des sorties ciné de la semaine.

Quelles sont les sorties ciné de la semaine ? Voici les quatre films à voir ou à ne pas voir.

Disco Boy

« Toujours mystérieux, jamais cliché.” Qui mieux que Giacomo Abbruzzese, le réalisateur de Disco Boy, pour tenter de cerner Franz Rogowski? Sous les traits d’un jeune Biélorusse rejoignant la Légion étrangère pour entamer un trip autant physique que mental, le comédien allemand impressionne; une habitude, à force. L’intensité de son jeu fiévreux, on l’avait découverte il y a une petite dizaine d’années dans Victoria, film de Sebastian Schipper tourné en un seul plan-séquence dans la nuit berlinoise. Après quoi, Rogowski a enfilé les pépites: fils grand bourgeois et rebelle d’Isabelle Huppert dans Happy End, de Michael Haneke; exilé romantique dérivant aux côtés de Paula Beer dans les replis de la Seconde Guerre mondiale dans Transit, de Christian Petzold, le couple incarnant bientôt le mythe d’Ondine pour le même réalisateur; conducteur de chariot mutique et solitaire arpentant les rayons du supermarché d’Une valse dans les allées, de Thomas Stuber; ou encore Hans Hoffmann, détenu gay dans l’Allemagne de l’après-guerre s’obstinant à rechercher amour et liberté entre les murs de sa prison dans Great Freedom, de Sebastian Meise.

La Petite Sirène

Disney, lancé plein pot dans sa politique mercantile de remakes en prise de vues réelles de ses classiques d’animation, replonge tête la première sous l’océan pour raconter peu ou prou la même histoire. Réalisé cette fois par Rob Marshall, vieux briscard du divertissement musical à qui l’on doit les films Chicago, NineInto the Woods ou encore Le Retour de Mary PoppinsLa Petite Sirène version 2023 retrace ainsi le destin hors norme d’Ariel (la chanteuse, compositrice et comédienne afro-américaine Halle Bailey), fille cadette du roi Triton (Javier Bardem), sirène belle et fougueuse fascinée par le monde des humains. Tombant éperdument amoureuse du prince Éric (Jonah Hauer-King) après l’avoir sauvé de la noyade, elle passe un dangereux pacte avec Ursula (Melissa McCarthy), la sorcière des mers, qui lui octroie le pouvoir de vivre sur la terre ferme en échange de sa voix…

Plan 75

Dystopie réaliste, Plan 75 se situe dans un futur proche alors que, confrontées au vieillissement de la population et au poids que fait peser celui-ci sur les finances publiques, les autorités japonaises décident d’implémenter le Plan 75. Destiné au plus de 75 ans, celui-ci leur propose, moyennant un soutien financier et avec un accompagnement psychologique optionnel, de mettre fin à leurs jours, capitalisant notamment sur l’esprit d’abnégation des Japonais. Ce programme radical, ils vont être quelques-uns à s’y trouver confrontés: Michi (Chieko Baisho), une candidate au plan du haut de ses 78 ans de solitude au quotidien, la précarité en ligne de mire par surcroît, dès lors qu’elle perd son petit boulot de préposée, parmi d’autres personnes âgées, à l’entretien d’un grand hôtel; Hiromu (Hayato Isomura), un jeune fonctionnaire chargé de l’application du plan, qui aura la surprise de découvrir que son oncle y a souscrit le jour même de ses 75 ans; et Maria (Stefanie Arianne), une jeune aide-soignante philippine travaillant dans l’hôpital où sont accueillies les personnes désireuses de recourir à l’euthanasie…

Transfusion

Sam Worthington (Avatar) campe un ancien sniper incapable de remonter la pente depuis la mort de sa compagne dans ce thriller australien aux ficelles grosses comme des câbles de frein qui amène son héros brisé à accepter une ultime mission supposée sans risque. Questionnant avec insistance la notion de courage, l’ensemble du film baigne dans une mélancolie facile et très poseuse, assortie d’une espèce de solennité viriliste particulièrement pénible. Tous les personnages de Transfusion sont de grossiers clichés sur pieds confrontés à une série de dilemmes moraux en carton appelés à se régler dans la violence. Devant et derrière la caméra, l’ancien joueur de rugby Matt Nable fait preuve d’un sens de l’action on ne peut plus bas du front.

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