L’affaire Spirou a ébranlé la BD franco-belge: “Cet album s’inscrit dans un style de représentation caricatural hérité d’une autre époque”
Guy Delisle dessine la vie en mouvement d’Eadweard Muybridge, cet inconnu connu
Avec son album Impénétrable, Alix Garin dévoile ses douloureux monologues du vagin
La BD gay devient mainstream même si "il y a eu des retours de quelques libraires"
Le sang de Gaza au bout du crayon du dessinateur Joe Sacco
Ilan Manouach: “La résistance aux BD synthétiques est liée à des enjeux de pouvoir”
C’est la panique dans le petit monde de la BD: l’intelligence artificielle (IA) serait le clou du cercueil des auteurs et autrices, sur le point d’être remplacés par des machines! Depuis l’apparition de logiciels de création d’images tels Midjourney ou Stability AI pilotés par des IA, elles-mêmes nourries par des millions d’images et de datas collectées (sans souci pour le droit d’auteur) sur le Net, des millions d’utilisateurs se sont transformés en “créateurs digitaux” capables de produire ce qui ressemble à de la bande dessinée. Une menace numérique qui désormais vient également d’en haut: au Japon, une suite au Black Jack d’Osamu Tezuka est annoncée pour bientôt, générée par des IA, dix ans après la mort de son auteur. Une révolution qui provoque évidemment des réactions autres que simplement outrées sur les réseaux sociaux: chaque jour, un opérateur (bibliothèques, festivals, associations d’auteurs) annonce qu’il s’interdira toute promotion ou diffusion de “BD sous AI”. D’autres voix, bien plus rares, s’élèvent au contraire pour saluer cette (r)évolution, dont celle du chercheur et auteur Ilan Manouach, spécialiste de la “créativité computationnelle” et auteur de dizaines de livres, BD et essais sur le sujet, dont trois d’ores et déjà co-créés avec l’IA. Il publie aujourd’hui une longue carte blanche, accessible sur notre site www.focusvif.be, au titre limpide: Arguments en faveur de la bande dessinée d’IA. Explications.
Le dessinateur Martin Panchaud: “La BD a surtout besoin de bons narrateurs”
L’infographie, et derrière elle, les intelligences artificielles sonneront-elles le glas de la bande dessinée? Pour beaucoup d’amateurs de “beaux dessins” courroucés, le ver est déjà dans le fruit: les (bonnes) sorties indés tenant plus de la souris que du crayon se multiplient. Par exemple, Dum Dum du Polonais Lukasz Wojciechowski (éditions Çà et là), qui ne travaille que sous autoCAD, ou Grandes kitty z97 d’EMG (Tanibis), tout en cubes numériques. Et on ne parle même pas de tout ceux qui s’expriment sur la Toile, tout en n’y connaissant que pouic en dessin... Le comble: le Festival d’Angoulême a remis cette année son prix le plus prestigieux à La Couleur des Choses, du Suisse Martin Panchaud (aussi chez Çà et là), un album entièrement composé de ronds, de traits et de pictogrammes et réalisé en DAO (dessin assisté par ordinateur). Mais si l’auteur helvète mène la souris mieux que le crayon, il manie aussi la bande dessinée mieux que personne. La BD serait-elle à ce point mourante? À en discuter avec Panchaud, on en vient à penser l’exact contraire: le 9e art se réinvente dans la data.