Critique

[Le film de la semaine] Green Book, de Peter Farrelly

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

ROAD MOVIE | Un feel good movie invitant à réfléchir: le profil tout désigné d’un candidat aux Oscars…

[Le film de la semaine] Green Book, de Peter Farrelly

On n’attendait guère Peter Farrelly, auteur avec son frère Bobby d’un chapelet de comédies bien barrées (de There’s Something About Mary à The Three Stooges) sur le terrain du drame à vocation humaniste. C’est pourtant le cap emprunté par Green Book, road movie inspiré d’une histoire vraie se déployant en 1962 dans le sud des États-Unis. Tout commence cependant à New York, lorsque Tony Lip (Viggo Mortensen), un videur italo-américain du Bronx, est contraint, suite à la fermeture du club où il jouait les gros bras, d’accepter un boulot de chauffeur. Et de découvrir avec stupeur que son nouvel employeur, le Dr Don Shirley (Mahershala Ali), n’est autre qu’un pianiste noir altier, l’ayant engagé pour l’accompagner dans sa tournée dans le Sud. Entre ces deux individus que tout sépare, la cohabitation s’annonce délicate. Impression vérifiée à peine entamée leur équipée, leur relation évoluant toutefois au fil des (més)aventures qui baliseront leur traversée de l’Amérique avec pour guide le Green Book, ce petit livre qui indiquait aux Afro-Américains les endroits leur étant accessibles dans une partie du pays où la ségrégation restait la norme…

Il y a du Frank Capra dans ce road-movie généreux célébrant une amitié improbable qui se noue insensiblement par-delà les préjugés. Peter Farrelly évite cependant la surenchère des bons sentiments et la mièvrerie, ancrant son propos dans un quotidien où le racisme avait pignon sur rue. Non pour autant qu’il y ait lieu d’y voir une fatalité, ce film historique trouvant là une résonance toute contemporaine qui n’a point besoin d’être surlignée. Son message, Green Book l’enrobe d’ailleurs d’une solide dose d’humour, adoptant les contours avantageux du buddy movie, bien servi en cela par un épatant duo d’acteurs qui, dans des emplois inattendus, s’avèrent idéalement complémentaires. S’écartant de chemins trop convenus, il y a là un brassage bien senti de drôlerie, de finesse, de légèreté et de pertinence, pour un feel good movie invitant, l’air de rien, à réfléchir. Soit, incidemment, le profil tout désigné d’un candidat aux Oscars…

De Peter Farrelly. Avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini. 2h10. Sortie: 23/01. ***(*)

>> Lire également nos interview de Peter Farrelly et Viggo Mortensen.

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