Critique

[critique ciné] Eternals (Les Éternels): Chloé Zhao se frotte à l’univers Marvel

© Photo: Sophie Mutevelian
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Chloé Zhao (Nomadland) se frotte à l’univers Marvel, qu’elle réussit à alléger sensiblement sans pour autant y imprimer sa griffe d’autrice.

À Focus, qui la rencontrait à l’époque de The Rider, son deuxième long métrage après Songs My Brothers Taught Me, et le film qui l’intronisait reine du cinéma indie américain, Chloé Zhao confiait: « Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont des histoires authentiques, à hauteur d’hommes et de femmes. Même les studios hollywoodiens semblent en prendre peu à peu conscience, puisqu’ils vont débaucher de plus en plus d’auteurs indépendants pour piloter leurs grosses productions. » Cinq ans et les multiples Oscars de Nomadland plus tard, c’est donc sans grande surprise à vrai dire que l’on retrouve la réalisatrice chinoise aux commandes de Eternals, énième déclinaison cinématographique de l’univers Marvel.

Imaginés par Jack Kirby, les Éternels sont des (super-)héros s’employant depuis la nuit des temps à protéger la Terre et ses habitants des Deviants, monstres maléfiques semant désolation et destruction. Alors que l’on pensait ces derniers éliminés depuis des siècles, leur réapparition mystérieuse va contraindre les Éternels à sortir de l’anonymat dans lequel ils vivaient parmi les humains, à charge pour Sersi (Gemma Chan) et Ikaris (Richard Madden) de battre le rappel des troupes aux quatre coins de la planète avant qu’il ne soit trop tard. Mission qui n’ira pas sans embûches et retournements de situation, assortis de considérations « philosophiques » diverses…

[critique ciné] Eternals (Les Éternels): Chloé Zhao se frotte à l'univers Marvel

Dire de Chloé Zhao, la cinéaste des marginaux et des laissés-pour-compte, qu’elle a réussi à imprimer sa griffe sur le film serait sans doute forcer le trait. On appréciera toutefois la dimension humaniste qu’elle veille à insuffler au propos, de même que le soin apporté à ne pas faire des près de 2 heures 40 sur lesquelles s’étire la chose une succession ininterrompue de scènes d’action gonflées d’effets spéciaux. Ainsi allégés, ses Eternals respirent et le spectateur avec eux, la réalisatrice allant jusqu’à renouer, pour quelques scènes signature, avec les paysages du Dakota du Sud, le cadre exclusif de ses deux premiers longs.

Ajoutons une scène voyant un couple gay s’embrasser plein écran, ce qui n’a pas dû se produire bien souvent dans une production Disney, et on conclura à une évolution sensible des productions super-héroïques. Pour autant, ce film n’en révolutionne pas la grammaire, l’impeccable Gemma Chan emmenant un casting mastoc (Angelina Jolie, Salma Hayek…) appelé, au fil d’un scénario surligné, à combattre des monstres dont le design hideux témoigne d’un manque criant d’imagination. Non sans raccorder avec la galaxie Marvel et s’achever, en cours de générique final, sur la promesse d’un second épisode, dont on ignore s’il sera réalisé par Chloé Zhao, ou si elle préférera retourner à ses amours indépendantes. À l’instar de Sersi et des Éternels, la voilà face à son destin…

Eternals (Les Éternels). De Chloé Zhao. Avec Gemma Chan, Richard Madden, Angelina Jolie. 2 h 37. Sortie: 03/11. ***

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