Julien Paschal, du rock belge au casting de « Berlin », la spin-off de « La casa de papel »

Pedro Alonso face à Julian Paschal © Tamara Arranz / Netflix 2022
Nicolas Bogaerts Journaliste

À l’affiche de Berlin, prequel de la série phénomène La Casa de Papel sur Netflix, le ci-devant musicien Julien Paschal a opéré loin de nos regards une mue surprenante, et réussie, vers le métier de comédien.

On l’a connu comme membre du line-up originel de Sharko. Il a également été batteur au sein du combo liégeois Piano Club ou encore pour Chantal Acda et Antoine Chance. Son CV d’ingénieur du son et de producteur est long comme le bras. Mais il a mis ses activités musicales entre parenthèses pour opérer une métamorphose. On retrouve Julien Paschal acteur, vivant entre Bruxelles et Barcelone. Une apparition dans le clip d’Angèle Tout oublier, quelques pas dans la pub et le cinéma, et le voici propulsé dans le rôle de Polignac, ténébreux antagoniste du braqueur fou Berlin, auquel Netflix consacre une série (notre critique ici) située à Paris, quelques années avant les événements de La casa de papel. Quelques jours avant le lancement officiel, dans une brasserie de Saint-Gilles, ce type d’une douceur infinie, aux éternels yeux tempête sous cils cendrés, évoque sa reconversion aux saveurs de secret bien gardé.

Comment es-tu passé de la musique et de la production à la carrière de comédien?

Le tournant a été opéré en 2019. À l’époque, je ne faisais plus de musique notamment parce que je vivais une partie du temps en Espagne. Caché derrières mes consoles ou mes fûts de batterie, être en retrait me convenait bien jusque-là. Mais j’ai eu envie d’autre chose. Au départ, j’ai pris des cours d’impro et de théâtre juste pour me faire plaisir. C’est vite devenu plus sérieux et ça m’a donné suffisamment confiance pour suivre les cours de Frank Feys, un comédien belge, à Barcelone, où j’ai aussi intégré une agence. J’ai commencé à faire des pubs, des courts métrages, des petits rôles dans des séries espagnoles puis l’an dernier dans Un an, une nuit d’Isaki Lacuesta, sur les attentats du Bataclan. Je prenais ça, à chaque fois, comme des masterclass.

Comment as-tu atterri dans Berlin?

Au départ, on ne te dit pas que tu passes le casting pour Berlin. En 2022, mon agence m’a envoyé auprès de directrices de casting très connues à Madrid. J’ai été pris et dans la foulée on m’a dit que c’était pour Berlin. Je ne savais pas que ce serait pour un rôle relativement important. Je connaissais bien sûr le phénomène Casa de papel. Cette série est différente de La casa de papel, on est dans quelque chose de moins sombre, moins violent, plus léger sans être superficiel. C’est plus romantique et plus drôle, aussi, riche en couleurs, rythmé, dense. Je craignais de me laisser impressionner, que ça me mette la pression. Pedro Alonso (Berlin) est un sacré acteur et c’est une grosse production. L’équipe a été adorable, encourageante. Elle travaille de manière très humaine, presque artisanale. En mode famille. Ce sont des moments intenses, que je vais garder longtemps dans mes souvenirs.

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Que peux-tu nous dire de Polignac, ton personnage?

C’est le propriétaire de l’hôtel de vente le plus prestigieux de Paris, celui que Berlin et son équipe prennent pour cible. À ce stade, c’est à peu près tout ce que je peux dire (rires). En fait, la production d’une série comme Berlin est assez particulière parce que l’écriture du scénario continue alors même que le tournage a déjà commencé. Quand on a démarré le tournage à Paris en 2022, je ne connaissais de mon personnage que ce qui lui arrivait dans les deux premiers épisodes, c’est à dire pas grand-chose. Tu as beaucoup de surprises après parce que tu vois ton personnages évoluer au fur et à mesure que les intrigues s’intensifient. Tu ne sais jamais vraiment dans quelle direction il va aller. C’est assez excitant car ça laisse beaucoup de place à l’imprévu.

Jouer dans une langue qui n’est pas la tienne, l’espagnol, ça a représenté un challenge pour toi?

J’ai appris la langue en partant là-bas. En fait, dès que j’ai commencé à envisager le métier plus sérieusement, j’ai pris des cours d’anglais, d’espagnol. Jouer dans une langue qui n’est pas la tienne, ça libère d’autres facettes de toi. D’un point de vue physique ou de l’énergie, on se pose différemment, on place sa voix différemment.

Opérer cette mue t’aurait semblé plus difficile en Belgique qu’à l’étranger? Être loin de son environnement permet de se libérer davantage?

Je ne pense pas effectivement que je l’aurais fait en Belgique. C’est parfois plus facile de proposer des choses nouvelles à des gens qui ne te connaissent absolument pas, qui ne te mettent pas dans une case. En Espagne, personne ne connaissait les projets sur lesquels j’avais bossé ici. C’est comme un nouveau départ, sur une page absolument vierge. J’avais l’impression d’avoir un peu fait le tour de la musique et de ce que j’y cherchais. La comédie, elle, rassemble beaucoup de choses qui me plaisent. On se retrouve un peu comme un enfant, candide. Il n’y a pas acteur plus spontané qu’un enfant. J’aime bien aussi l’exploration de la psyché humaine que permet ce métier, cette possibilité de se mettre dans les chaussures de quelqu’un d’autre pendant un moment, l’empathie et l’absence de jugement qu’on ressent vis-à-vis de son personnage. Et puis ça me permet d’utiliser toutes les expériences, humaines ou professionnelles, que j’avais emmagasinées jusque-là. Le métier d’acteur est quelque chose que j’ai longtemps incubé, tout en me persuadant que ce n’était pas vraiment pour moi. Je me pensais trop timide. En débutant, je m’étais mis une règle dès le départ: il fallait, peu importe l’aboutissement, que ce soit fun. Que le processus soit fun. Dans la musique, j’ai eu à un moment donné la sensation que c’était un boulot. Et je ne voulais pas reproduire la même situation. Je n’avais pas de plan, il me suffisait de voir où ça mène. Être disponible, à l’écoute, vulnérable. Se défaire des couches qu’on se met au fur et à mesure du temps pour se protéger, sans se mettre en danger.

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