Rentrée culturelle: ce que les théâtres nous réservent
Théâtre, danse, cirque… Les créations en arts vivants ne manqueront pas en cette rentrée sur les scènes du pays.
Scènes de la vie conjugale
Du 12 au 23/09 au Théâtre Océan Nord, Schaerbeek.
En 2020, le réalisateur israélien Hagai Levi reprend les Scènes de la vie conjugale de Bergman et inverse les rôles: c’est la femme qui quitte. La même année, Myriam Saduis réalise que ses élèves de l’ESACT connaissent la série contemporaine, pas la version originelle. La metteuse en scène leur propose de travailler le texte de 1973, tout en inversant les rôles.
“Ça permet de modifier la perception quand des mots d’homme ou des gestes de femmes sont joués par l’autre genre, confie-t-elle. Moi même, féministe, proche de l’œuvre de Bergman, c’est en voyant la scène de la rupture jouée par une femme que j’ai réalisé qu’il/elle monologuait.” Dans le spectacle, les scènes seront dédoublées, confrontant la VO à la nouvelle version. Par ce truchement, le patriarcat saute aux yeux: “On est dans une révolution des rapports hommes-femmes. Pourtant, les affects continuent à fonctionner sur des modèles anciens.” Une invitation à interroger nos modèles.
Le Vif du sujet
Du 02/09 au 21/10 au Théâtre Le Public, Saint-Josse-ten-Noode.
Pour écrire son spectacle, Laurence Bastin a interviewé de nombreuses personnes touchées par un cancer du sein. Sur scène, Laurence D’Amelio interprète une femme aux différents moments de ce parcours de vie, de l’enfance à la reconstruction. Mis en scène par Patricia Ide dans l’intimité de la petite salle du Public, c’est un chemin de résilience, de rapport au corps médical et à son propre corps, de désir aussi, qui se donne à voir. Un sujet et un spectacle pour toutes et tous.
La vie est une fête
Les 22 et 23/09 au Palais des Beaux-Arts, Charleroi.
“En psychanalyse, si on va mal, c’est à cause de papa-maman, explique Jean-Christophe Meurisse, metteur en scène. Je suis du côté de Deleuze (…) les humains sont poreux aux violences du monde. (…) je voulais souligner comment nos micro-douleurs sont conséquence des macro-douleurs d’une société qui va mal.” Ainsi va La vie est une fête, qui s’ouvre, dans la salle, par un débat houleux, et qui se poursuit au plateau, hôpital délabré pour âme en peine dans monde en mal. C’est politique, violent ( spectacle déconseillé aux moins de 14 ans), mais ça se termine bien.
Héritage
Du 13 au 21/10 au Théâtre de Liège.
Elle c’est Jo, la mère de Cédric. Lui est un acteur et auteur pluriel. Dans son précédent spectacle The Quest, Cédric Eeckhout convoquait déjà Jo au plateau. Aujourd’hui, elle est le personnage central: Jo, coiffeuse à la retraite, à la vie libre, qui a élevé seule ses quatre enfants, femme dans un monde d’hommes. Le type de femme non ou sous-représentée qui est féministe l’air de rien à bien y regarder. Son fils lui offre l’écrin de la scène, où il se questionne aussi. De leurs récits emmêlés naît, entre humour et sensibilité, une réflexion sur la transmission du matriarcat, autant qu’une critique du patriarcat, entre autres crises actuelles. Il y a clairement une femme là-dessous…
Skatepark
Du 23 au 26/11 au Théâtre National, Bruxelles.
C’est en observant les utilisateurs du skatepark des Ursulines à Bruxelles que la chorégraphe Mette Ingvartsen a eu l’idée de ce spectacle, hybridation de performance skate, danse et musique. Sur scène, skateurs de tous les âges côtoient rolleuses et musiciens. Le plateau reproduit les fameuses bosses et fosses. Le skate, c’est comme la vie: on performe, on chute, on s’entraide. Un appel à participation sera lancé en amont des représentations pour recruter des rois et reines du skate du cru. Un moment musclé, vivifiant et urbain à voir (aussi) en famille.
Les reprises à ne pas manquer
On n’oublie pas les spectacles à rattraper sur nos scènes. Passant par Watermael-Boitsfort et Namur notamment, Dominique toute seule enchantera de sa poésie scénique les enfants de 7 à 99 ans. Ce spectacle écrit par Marie Burki aborde la dépression, la solitude, la recherche et la découverte de soi, par le corps, la voix et le chant. Inclassable et d’une beauté absolue. Issue du stand-up, Yousra Dahry se réinventait au théâtre avec son seule en scène autobiographique Kheir Inch’Allah.
Ayant grandi avec des codes d’hommes, la comédienne raconte comment on se trouve femme. Elle en devient féministe et incarne sur scène tous les rôles. Ce pari gagnant d’autodidacte prometteuse est de retour pour de nombreuses dates à partir du 28/09, notamment à Molenbeek, Dison… Se réinventer, un vaste sujet qu’Hippocampe aborde à sa manière. Le cabaret-théâtre drag, hors clichés, unanimement salué, critique et public, mis en scène par Lylybeth Merle est de retour cet automne à la Balsamine à Schaerbeek (du 03 au 07/10).
Un spectacle qui va à la rencontre de tous les autres, avec générosité et sensibilité pailletées et puissantes. On pourrait le croire sur le même thème, il n’en est rien. Les Variations silencieuses, de Geneviève Voisin, s’avère solo brillant et plein d’humour sur l’intersexuation, qui touche 1,7% de la population, et que de nombreuses personnes confondent avec le transgenrisme. L’actrice interprète les différents membres d’une famille qui ont chacun leur idée sur la question. À Habay-la-Neuve les 28 et 29/09 et en tournée par la suite. Puissant, mais d’une autre manière, la performance de haute lutte du One Song de Miet Warlop est un inqualifiable moment de jusqu’au-boutisme corporel et musical à l’exigence maîtrisée. Une expérience de l’extra-sensible à vivre absolument à Mons (les 22 et 23/11) et à Bruxelles, au Théâtre National, du 05 au 09/12.
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