Franco Dragone est mort: du Soleil à la Lune, itinéraire d’un loup

Franco Dragone début septembre 2022 pendant la conférence de presse de Décrocher la Lune avec Fabrice Murgia © Belga Images

Depuis 2000, il faisait « décrocher la lune » à La Louvière, sa ville de cœur, et à ses habitants. Il a côtoyé les stars au Québec et à Las Vegas.  Il est allé rejoindre les étoiles. Franco Dragone, 69 ans, est mort d’une crise cardiaque au Caire, ce vendredi 29 septembre. Evocation d’une comète.

Du Soleil à la Lune, itinéraire d’un loup

Depuis 2000, il faisait « décrocher la lune » à La Louvière, sa ville de cœur, et à ses habitants. Il a côtoyé les stars au Québec et à Las Vegas.  Il est allé rejoindre les étoiles. Franco Dragone, 69 ans, est mort d’une crise cardiaque au Caire, ce vendredi 29 septembre. Evocation d’une comète. 

Franco Dragone est né en Italie, à Cairano (Campanie, sud de l’Italie). Il a sept ans quand il arrive à La Louvière, où ses parents s’installent; son père y vient pour travailler dans les charbonnages. Cette ville, imparfaite, bosseuse, fière, elle s’impose à lui, il l’a dans le sang, et il n’aura de cesse de lui rendre ses lettres de noblesse, attristé « par l’image que certains ont de la région du centre, et de la Louvière en particulier », comme il le répétait encore à la conférence de presse de Décrocher la lune, en début de ce mois de septembre 2022.

Lui, l’ancien étudiant d’art dramatique au conservatoire de Mons, lui, l’amoureux fougueux de théâtre-action autant que de commedia dell’arte, lui, l’ancien animateur au foyer culturel Alphonse Parent à Haine Saint Pierre, lui, a toujours cru au pouvoir du spectacle, à la force des mots et des images. A la magie du ‘un peu trop’, aussi. Surtout? Sans doute. 

 C’est en tout cas chargé de toutes ces croyances qu’il embarque, dans les années 80, pour le Québec puis, très vite, à bord de l’aventure « Cirque du Soleil. C’est le début du cirque nouveau, un cirque qui oublie les animaux et les traditions poussiéreuses pour mettre la technique au service du spectacle. C’est un cirque qui lui parle, un cirque qui fait sens, un cirque qui change.  Il signera de nombreuses mises en scènes pour le groupe, de Cirque du Soleil en 1985 à La Nouba en 1999 en passant par Saltimboco (92) ou Alegria (94).

Ancrage et déploiement

En 2000, il est approché par les pouvoirs publics pour créer un spectacle d’ampleur à La Louvière. Un spectacle qui fait date, celle du tournant de siècle. On lui propose un peu plus d’un million de francs pour réaliser ce méga-show. Il en souhaite dix fois plus. Et les obtient. Et accouche de la première édition de « Décrocher la lune », un opéra urbain mégalomane et populaire. Participatif, surtout. car l’amoureux du théâtre-action qu’il est n’a de cesse de  proposer un art qui soit, d’abord et avant tout, accessible au plus grand nombre.

« Le lendemain de ce premier spectacle, s’amusait-il, toujours à la conférence de presse de l’édition 2022, je me promenais dans les rues. Et je sentais que quelque chose avait changé. Les gens se redressaient. » Il revendiquait, aussi, haut et fort la part « bling bling » de son travail, affirmant que « si nous devons mourir, mourons. Mais en faisant du bruit. » 

Du bruit, de la fureur, des entourloupes et de la lumière.

C’est un peu court, mais c’est un bon résumé du travail de Dragone, comète qui slaloma du Cirque du soleil, aux shows de Dion à Las Vegas, en passant par la création de multiples succursales, décors, costumes et compagnies lunaires louviéroises notamment.  Ici et là-bas, mais toujours beaucoup, (très) fort, et (très) haut. En Belgique, on l’assimilait à ces multiples réussites internationales -majoritairement québécoises, US et chinoises, mais pas que. 

Il était le petit louviérois qui a réussi. Mais, pour Fabrice Murgia, qui a notamment travaillé avec lui sur des shows à Las Vegas, qui avait repris la casquette de metteur en scène de Décrocher la lune, au début de cet automne 2022, et qui lui ressemblait un peu – fils d’immigrés italiens, réussites sur les scènes internationales – c’était « un guide, un maître, un exemple. C’est maintenant une étoile. ».

Contacté par nos soins, l’artiste, qui se dit « sous le choc de la nouvelle », estime surtout que « La Belgique ne le connaissait pas comme le reste du monde le connaissait. » Car, c’est bien connu, nul n’est prophète en son pays, pas même quand on a frôlé les étoiles de son vivant. 

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