Quel avenir pour les musées?

Le musée Art in Island aux Philippines propose aux visiteurs de faire partie intégrante des oeuvres d'art. © Art in Island

Du projet Museomix au musée en 3D, des lieux culturels se font de plus en plus interactifs. Une façon de promouvoir la culture à un public plus large et de façon plus divertissante.

Ce n’est un secret pour personne, le secteur de la culture est en crise en Belgique mais pas que. « Paupérisation, marchandisation, privatisation progressive, perte d’influence au sein du monde de l’art au bénéfice des nouveaux acteurs du marché, architectures dispendieuses, inappropriées et qui tendent à ne valoir que pour elles-mêmes, révolution numérique qui accélère le devenir-image du réel, rupture anthropologique en cours dans le nouveau monde numérique, autant de facteurs qui affaiblissent le musée », postule ainsi Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève, présent à Bruxelles ce lundi 23 novembre pour Crise du musée ou musée en crise, un « hosted event » de Bozar.

Dans ce contexte, une question se pose: le musée, dans sa forme actuelle, serait-il démodé? Du 6 au 8 novembre derniers se tenait au Musée Royal de Mariemont et au M.S.K. de Gand la première édition belge de Museomix, ce concept né en France en 2011 et qui propose de repenser le musée afin de le rendre plus vivant aux yeux des spectateurs. Durant trois jours, en Belgique mais aussi en France, au Canada, au Mexique et en Suisse, des équipes de « museomixeurs » composées de codeurs, de graphistes, de médiateurs culturels ou encore de professionnels de la communication se sont penchées sur la construction de prototypes numériques qui amènent une nouvelle approche du musée. « On ne parle pas de musée dépassé, nous explique Marie Hanquart, coordinatrice du projet au Musée Royal de Mariemont. Le but est d’investir un musée et de le bousculer, de dire ‘il y a la possibilité de faire ci ou de faire ça’. »

Les musées traditionnels d’aujourd’hui doivent être repensés et « le fait d’intégrer la technologie peut toucher une nouvelle branche de personnes, poursuit la coordinatrice. Un autre problème est aussi le fait que l’on mette en avant les interdits dans un musée. On ne peut pas toucher, pas crier, pas prendre de photos avec un flash, etc. Avec Museomix, on veut dire ‘on peut’. »

Au terme de ces trois jours, les cinq prototypes élaborés ont été présentés au public. « L’un d’entre eux, Momix, invitait les visiteurs à s’allonger aux côtés d’une momie pendant qu’une vidéo était projetée au plafond pour expliquer et essayer de faire comprendre à travers quoi la momie est passée pendant sa momification, raconte Marie Hanquart. Un autre permettait de visiter le musée en fonction de mots clés exprimant des émotions ressenties par d’autres personnes lors de leur visite. » Bien que les prototypes ne soient actuellement plus exposés à Mariemont, « le but n’est bien entendu pas d’oublier ce qui a été fait mais de se dire ‘tiens, qu’est-ce qu’on pourra garder en fonction du budget?' », exprime la coordinatrice du projet. Certains prototypes ont été concrétisés dans d’autres musées, c’est ce qu’on est occupé de voir maintenant. »

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Interactivité et smartphone

Museomix est loin d’être la seule initiative à proposer une découverte du musée de façon plus interactive. Il y a quelques semaines, nous parlions d’ailleurs du LACMA, Los Angeles County Museum of Art, qui, depuis son application Snapchat, invite les amateurs d’art à prendre en photo n’importe quelle oeuvre pour la détourner de façon amusante. Plus récemment encore, le British Museum, en partenariat avec Google Cultural Institute, mettait en ligne ses collections, rendant ainsi possible la visite du musée façon Google Street View.

Interviewé par Les Echos, Pierre-Yves Lochon, consultant et animateur du Club Innovation et Culture France qui rassemble différents musées lieux culturels, estime que si la première révolution au sein des musées était belle et bien la numérisation des oeuvres, la deuxième révolution sera déployée grâce au smartphone qui sera « une sorte de ciment permettant de relier toutes les briques numériques qui se sont empilées depuis des années sans forcément communiquer. » Actuellement en construction, le Centre international de l’art pariétal Montignac-Lascaux, devrait par exemple fournir à ses visiteurs un « silex numérique », qui les localisera dans le musée. Ainsi, il ne sera plus nécessaire, comme avec les audio guides, d’introduire le numéro d’une oeuvre pour obtenir plus d’informations à son sujet. Plus encore, les commentaires seront personnalisés suivant le profil du visiteur (enfant, adulte, féru d’histoire ou non). Selon Jean-Michel Tobelem, spécialiste du management du secteur culturel, cité par Les Echos, « nous sommes au tout début de cette évolution. À terme, on peut imaginer que le rêve du directeur de musée consistant à s’adresser à chacun de ses visiteurs de façon personnalisée devienne une réalité. »

Autre approche interactive aux Philippines, où le musée Art in Island invite les spectateurs depuis fin 2014 à faire partie des oeuvres qu’ils contemplent. Situé dans une ancienne station du bus, il s’agit du plus grand musée interactif du pays avec plus de 200 peintures, toutes réalisées en 3D. « Ici, les oeuvres d’art ne sont pas complète si on ne s’intègre pas dedans, explique Blyth Cambaya, secrétaire du musée, dans une vidéo pour le site Mashable. L’ensemble du musée est décoré de peintures qui s’étalent sur les murs et sur les plafonds, leur donnant ainsi profondeur et perspective. « Où que vous soyez, vous avez l’impression d’être dans l’oeuvre, c’est pour cela que nous l’appelons 3D », poursuit Blyth Cambaya.

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