Laurent Raphaël

L’été, une saison d’insouciance et de déconnexion? Plus vraiment…

Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

Guerres, tensions, crises politiques… L’été s’annonce chaud. La belle saison ressemble de plus en plus aux autres. Même les blockbusters estivaux ne sont plus ce qu’ils étaient.

L’été est-il toujours l’été? Il paraît en tout cas loin le temps où la belle saison marquait une rupture nette avec la frénésie des mois qui précèdent. A voir ce qui se passe au Moyen-Orient, en Ukraine ou dans les rues de Los Angeles, on se dit que l’été sera chaud, et pas seulement sur le front météo. A croire que la belle saison n’est plus que la continuation de ses trois consœurs par d’autres moyens, comme aurait dit le charmant Carl von Clausewitz…    

Sans trop trahir la réalité, on peut en effet affirmer qu’à une époque –c’est le privilège de l’âge–, on sentait un net changement dans l’air à l’approche de juillet. Comme si un arbitre céleste sifflait la mi-temps dans un match tendu. L’insouciance prenait ses quartiers, la jeunesse troquait les bancs de l’école pour l’école de la vie –aujourd’hui ils passent des écrans aux… écrans–, même l’actu sérieuse semblait prendre des vacances, les conflits et l’agitation ordinaire baissant d’intensité comme par magie. De l’ouvrier au patron en passant par le fonctionnaire, chacun levait le pied, mettait ses querelles au frigo pour quelques semaines. Les uns partaient à l’autre bout du monde, du pays ou de la rue. Où, avec un peu de chance, se trouvait un cinéma où s’enfiler des blockbusters en léchant des Magnum ou des Calippo vendus dans la salle par des hôtesses (si, si, c’était comme ça dans «le monde d’avant»).

Superman, Jurassic Park (photo) ou Karaté Kid. Les blockbusters de l’été recyclent les franchises populaires. Pour l’originalité, on repassera.

Tiens, justement, cette tradition du film pop-corn à grand spectacle aussi s’est un peu perdue. Le premier du genre fête d’ailleurs son anniversaire cette année. C’est Jaws (Les Dents de la mer en VF), qui a donné des sueurs froides aux vacanciers de 1975, et fait basculer le film de genre du côté mainstream de la force. Qui d’autre que ce diable de Steven Spielberg, le futur réalisateur de E.T. et des Aventuriers de l’arche perdue, pour imposer ce rendez-vous grand public contre nature (s’enfermer alors que le soleil brille dehors)? Depuis, Hollywood a pris le pli de placer ses meilleures billes pendant la période creuse, qui n’en est plus une du coup.

Si le concept existe toujours, il s’est un peu essoufflé. 2023 est l’exception qui confirme la règle avec un tir groupé (Barbie + Oppenheimer) qui a redonné des couleurs à une industrie en panne de nouveaux modèles et de locomotives. Quid de 2025? Quelques belles promesses (Eddington d’Ari Aster ou Pris au piège de Darren Aronofsky) et beaucoup de réchauffé. Des franchises, et encore des franchises: Jurassic Park, Superman, Karaté KidOn a l’impression d’être monté à bord de la DeLorean de Marty McFly, direction les années 1980.

Une tradition qui ne se perd pas en revanche, c’est le Focus estival. Dès la semaine prochaine, et jusqu’au 21 août inclus, votre guide culturel se met à l’heure d’été avec de l’actu, des séries (un livre de poche récent à glisser dans sa valise, les 20 ans de YouTube et «la plage» au cinéma, dans la musique, la littérature, etc.) et les comptes rendus des principaux festivals sur nos canaux digitaux. Autant de bonnes raisons de passer les deux mois avec nous.

   

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