Nuits Bota: demandez le programme!

© FLORIE SAINT-VAL
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Du 25 avril au 6 mai, le Botanique déroulera à nouveau ses Nuits. Vaille que vaille, le festival s’accroche à ses fondamentaux, entre éclectisme, audace et intimité musicale. Tender is the night…

Ça y est, le printemps est là. Celui des festivals, en tous cas. Il tombe particulièrement tôt cette année. À l’image des Nuits Bota, qui, pour leur 25e édition, dégainent dès mercredi, avec leur principale tête d’affiche, Charlotte Gainsbourg. Avancer dans le calendrier était sans doute le meilleur moyen de contourner une concurrence de plus en plus féroce. Le meilleur mais pas le seul. L’événement bruxellois propose par exemple pour la première fois des pass par soirée, permettant de naviguer entre les différentes salles. Délesté de son Cirque royal, le Bota a également trouvé refuge au Bozar (Catherine Ringer et Ólafur Arnalds).

Pour le reste, le festival garde le cap de la curiosité et de l’éclectisme musical: rock, pop, électro, hip-hop, sono mondiale, créations inédites et surtout chanson, la nouvelle garde hexagonale étant largement représentée (Juliette Armanet, Eddy de Pretto & co). L’ambition avouée étant de construire une affiche porteuse de sens. Exemple? Les concerts de la Canadienne d’origine haïtienne Mélissa Laveaux et du Sud-Africain Nakhane, tous les deux jeunes, noirs, et revendiquant leur homosexualité, tout en refusant de renier une culture qui ne l’a pourtant pas toujours acceptée. On vous en dit plus ci-dessous… D’ici là, bonnes nuits!

Rock

Nuits Bota: demandez le programme!
© PAUL LOUBET

Ce sont deux des concerts les plus excitants des Nuits. Ils se dérouleront le même jour, le vendredi 27 avril, mais pas au même endroit. Échappé de la Fat White Family, son guitariste Saul Adamczewski, qui sortira par ailleurs le 1er juin un album avec le groupe Warmduscher, investira l’Orangerie avec son projet de pop sous Xanax Insecure Men. C’est par contre au Grand Salon de Concert! que le psychédélique et toujours habité Damon McMahon défendra Freedom, l’album d’Amen Dunes le plus accessible à ce jour. Les Nuits du Bota, c’est aussi, comme toujours, des collaborations plus ou moins inattendues. Le 28 avril, les Bruxellois de BRNS feront équipe avec le duo de Vendome Ropoporose (ils ont déjà passé trois jours à préparer l’événement dans le Loir-et-Cher). Tandis que le 3 mai, les décapants Liégeois de Cocaine Piss s’associeront à la saxophoniste danoise de Trondheim (en Norvège) Mette Rasmussen. Ajoutez à tout ça la musique revendicatrice, audacieuse et azimutée de Meg Remy, alias U.S. Girls, le jour de la fête du travail. Ajoutez les punks anglais d’Idles (avec Metz, c’est déjà complet) et vous aurez une idée de ce qui se fera de mieux avec des guitares du côté du Bota et de ses coupoles. J.B

Chanson

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Pas la peine de se précipiter au concert de Charlotte Gainsbourg: complet jusqu’à la gueule, comme ceux de Juliette Armanet et Feu! Chatterton. Par contre, on peut tester la Blanche de l’Eurovision (le 27 avril) et retrouver ensuite Catherine Ringer, sexagénaire sans entraves (le 28). Autre sujet, Chance, précédemment connu via son prénom accolé (Antoine): après un premier tour de piste un rien artificiel boosté par Universal, le fils Geluck revient avec plus de liberté (le 30 avril). Programme inhérent au duo féminin bruxellois Juicy qui, à la suite de 200 gigs de reprises hip-hop/r’n’b ricain, se lance maintenant dans son propre répertoire chanson. Avec talent à la belge (le 6 mai). PH.C

Classique

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© PAUL LOUBET

Le classique Botanique est une marotte de P.-H. Wauters, généralement conviée via des auteurs contemporains. L’événement 2018 du genre, c’est la venue de l’Islandais Ólafur Arnalds en décentralisation à Bozar (le 13 mai): fortement influencé par Chopin, Satie et Ryuichi Sakamoto, son style incarne quand même une unique brume nordique. Rayon belge, deux talents insulaires: Bernard Lemmens et Jean-Luc Fafchamps. Le premier, en piano solo, convoque une demi-douzaine de compositeurs, de Liszt aux Arméniens actuels (le 8 mai). Le second, accompagné de Musiques Nouvelles, fait flamber ses propres compositions, qui lui ont récemment valu un Magritte pour la musique d’Insyriated (le 24 mai). PH.C

Électro

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© PAUL LOUBET

Dans le temps, le Bota avait sa Nuit électronique, qui laissait les corps plus ou moins beaux, plus ou moins jeunes se déhancher jusqu’au bout de la nuit de la Rotonde à l’Orangerie. Peu de beats et de blips cette année. Le Caennais Fakear viendra présenter le 28 avril son nouvel album All Glows. Le producteur bruxellois Haring débarquera accompagné d’un live band (le voisin Monolithe Noir à la batterie et un Glass Museum au clavier). C’est pour le 4 mai. Et le vibraphoniste et compositeur luxembourgeois Pascal Schumacher (Jeff Neve, Nils Frahm…) proposera le 3 mai une création audacieuse entre ambient, dark jazz et deep tech au Grand Salon de Concert! J.B

World

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© PAUL LOUBET

Le monde est un village. Tout le monde le sait. Ça fait même 20 ans que Didier Mélon et la RTBF le disent. Jamais cependant la musique n’avait été aussi métissée, mélangée, bariolée qu’aujourd’hui. Exotiques, les Nuits Botanique le seront deux soirs un petit peu plus que les autres. Afrobeat, funk, bikutsi… Le lundi 30 avril, Baloji défendra au Chapiteau son 137 avenue Kaniama. Allusion à l’adresse de sa mère à Lubumbashi où il l’a retrouvée 25 ans après l’avoir quittée. L’ancien Starflam y partagera l’affiche avec la germano-tzigano-nigériane Ayo et surtout avec l’incroyable pianiste franco-libanais Bachar Mar-Khalifé. L’autre expédition du festival à rallonge bruxellois (soirée taillée pour le Cirque royal, mais ne remuons pas le couteau dans la plaie) se tiendra au même endroit le 4 mai. Le pionnier de l’éthio-jazz Mulatu Astatke assurant l’ambiance ensoleillée avec les rythmes afro-cubains sénégalais de l’Orchestra Baobab. J.B

Hip-hop

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© PAUL LOUBET

Peut-on monter une programmation hip hop, même a minima, sans y inclure le moindre rappeur made in USA? C’est en tout cas le pari des Nuits Bota. Cette année, le rap parlera donc majoritairement en français. Il viendra de l’Hexagone (version hardcore avec Siboy le 26 avril; plus crossover avec Némir, le 5 mai), du Québec (le phénomène Loud le 26), ou de Belgique évidemment: de Pitcho qui crée un inédit avec l’ensemble Musiques Nouvelles (le 5 mai), à Veence Hanao qui effectue son grand retour (les 1 et 2 mai), en passant par Swing, échappé de L’Or du commun (le 5 mai), le rookie Lord Orgasmique (le 26 avril) ou le duo flamand Blackwave (le 26 avril). Où sont les filles, me direz vous? La réponse avec le concert de l’Anglaise Little Simz, précédée des Juicy (le 6 mai); ou encore ceux de Blu Samu et Lous & The Yakuza, accompagnée pour le coup de Primero (le 5 mai), lors de la soirée dédiée au label bruxellois La Brique. L.H

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