Fête de la musique: une programmation alléchante à Bruxelles et en Wallonie

Au Cinquantenaire à Bruxelles, la Fête de la Musique connaîtra son plus gros événement de cette édition. © Bernard Babette
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Du 20 au 23 juin, la Wallonie et Bruxelles célèbreront comme chaque année la Fête de la musique à travers une centaine d’événements gratuits. Décodage.

Gros Cœur, Echt!, La Femme, BCUC… Françoiz Breut, Nihiloxica, Flavien BergerL’affiche proposée gratuitement au parc du Cinquantenaire les 21 et 22 juin est pour le moins alléchante. De haute volée et entraînante, à la fois très belge et internationale. Depuis que la Fête de la Musique a déserté la place des Palais, l’esplanade verdoyante où démarrent et se terminent les 20 kilomètres de Bruxelles en est devenue le poumon. « Avant, notre événement phare se déroulait sur une seule scène, explique Claire Monville, directrice du Conseil de la Musique. Il y avait de très chouettes concerts mais vu l’évolution du secteur, avec de plus en plus de festivals et d’événements, ça ne correspondait plus vraiment à la demande sous cette forme. C’est comme ça qu’on a changé. Qu’on a déménagé au Cinquantenaire. Qu’on a décidé de partir sur plusieurs podiums de moins grande envergure pour pouvoir faire jouer plus de groupes et amener
davantage de diversité.« 

Avec un accent, forcément tonique, sur la scène musicale wallonne et bruxelloise. « On a essayé de mettre de plus en plus en avant nos artistes et on est devenu un des rares événements où on peut trouver autant de projets musicaux de la FWB sur quatre jours. On ne se fixe pas de quotas, mais c’est dans notre ADN. Et c’est d’ailleurs une des conditions posées quand on lance notre appel à projets.« 

Si le Cinquantenaire est le seul site programmé par le Conseil de la Musique, il n’en est pas moins le coordinateur de l’événement. C’est bien pendant quatre jours que les festivités vont faire danser toute la Wallonie et la capitale. « On fait appel à des partenaires qui rentrent des petits dossiers assez précis pour demander un peu d’argent, de la communication. Ils s’engagent à organiser des concerts gratuits de musiciens amateurs ou pros en extérieur, à privilégier les artistes de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi à respecter un peu l’écologie, la diversité des genres. Un super partenaire avec lequel on bosse depuis plusieurs années a rendu une première programmation très internationale. On lui a répondu qu’en l’état, ça ne passait pas.« 

Tous les opérateurs culturels établis et actifs en Belgique francophone peuvent postuler. « Nous, on coordonne et on essaie d’assurer une certaine unité sur le territoire. De faire en sorte que ce ne soit pas des événements plic-ploc les uns à côté des autres. La notion de partenariat a toujours été présente. Au départ, c’était beaucoup les villes, les communes, les administrations communales qui introduisaient leurs dossiers. Nous, depuis quinze ou seize ans, on a naturellement changé le cap. Les gens qu’on connaît, ce sont des acteurs de terrain du secteur musical. Donc, plusieurs centres culturels s’y sont mis. Mais à chaque fois en travaillant avec des entités locales. L’Éden, qui est le 
référent à Charleroi, travaille avec le Vecteur et des maisons de quartier.« 

Accessible à tous

La Fête de la Musique est célébrée chaque année le 21 juin dans plus de 350 villes et environ 120 pays. « On dit souvent que la Fête de la Musique a été inventée par Jack Lang au début des années 80, mais des gens avaient déjà pensé ce type de manifestation quelques années auparavant« , fait remarquer Claire Monville. Si Lang, alors ministre français de la Culture, a lancé la première édition de l’événement dans l’Hexagone en 1982 (il existe chez nous depuis 1985), il faut encore davantage remonter le temps pour voir le concept émerger. Joel Cohen, un musicien américain qui travaillait alors pour Radio France, en avait jeté les bases au milieu des années 70. Cohen avait proposé d’inciter les gens à jouer dans la rue, d’en faire une captation et de diffuser ces concerts sauvages toute une nuit à l’antenne afin de fêter les solstices et de créer de la sympathie pour France Musique. La première édition de ces Saturnales eut lieu le 21 juin 1976. Quelques années plus tard, le 10 juin 1981, la Fête de la Musique et de la Jeunesse emmenée par Téléphone et Jacques Higelin fut organisée à Paris pour célébrer l’élection de François Mitterrand et attira 100 000 personnes sur la place de la République.

Le projet de Jack Lang était initialement intitulé Faites de la musique. Les musiciens étaient invités 
à sortir de chez eux pour jouer entre 20h30 et 21h. Professionnels et amateurs ne tarderont pas à envahir les bars, les parcs et les trottoirs. « La Fête de la Musique en France baigne toujours dans cet état d’esprit, je pense. Il y a un côté: on descend dans la rue et on va faire de la musique le 21 juin. Tout le monde peut se lancer n’importe où et n’importe comment. Ce qui donne parfois des commentaires du genre: la Fête de la Musique, c’est chouette mais c’est nul. Chez nous, elle se veut moins spontanée mais plus structurée, plus organisée, plus anticipée. » L’idée est davantage de rendre la musique et le concert accessibles à tous. Même si l’industrie de manière générale n’aime pas les événements gratuits. « Je comprends les organisateurs de concerts et de festivals. Imagine si tu pouvais trouver des chouettes disques et fringues gratuitement, pourquoi irais-tu les acheter? » Un des critères importants pour le Conseil de la Musique est d’ailleurs de rémunérer les artistes. « Ce n’est pas toujours le cas dans les autres pays. Mais dépendant du ministère de la Culture, avec le boulot qui est le nôtre à l’année, on ne s’imagine pas demander aux groupes de venir jouer pour rien…« 

La Fête de la Musique, du 20 au 23/06 en Wallonie et à Bruxelles. www.fetedelamusique.be

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