Mouse Party, Check Club… Quand les journalistes s’emparent du dancefloor

Mehdi Maïzi, maître de cérémonie des Mouse Party. © Colline Lemoal
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Ce jeudi soir, le C12 accueille la Mouse party, l’une des plus grosses bamboules rap du moment. Aux commandes du dancefloor, le… journaliste Mehdi Maïzi. Décryptage d’un phénomène plus large, entre tendance clubbing et retour aux sources hip-hop.

Juillet dernier, Les Ardentes. Pour clôturer son deuxième jour de festival, l’événement liégeois a réussi à décrocher une jolie exclu: ni plus ni moins que Tyler, The Creator. Sur le coup de minuit, l’Américain fait le show sur la main stage, avec sa scénographie hyperstylisée à la Wes Anderson. Pourtant, pour qui cherche à s’ambiancer, l’action se passe ailleurs. En effet, au même moment, c’est sous le grand chapiteau baptisé Da Hood que cela se passe. Le public y est compact et particulièrement déchaîné. Sur scène? Non pas l’énième rappeur superstar d’une affiche qui en regorge, mais bien Mehdi Maïzi, journaliste emblématique du paysage rap hexagonal. Découvert sur le site de l’Abcdrduson, animateur de La Sauce sur le média OKLM, celui qui est désormais “Head of hip hop” chez Apple Music France (où il anime l’émission Le Code) est venu à Liège présenter son concept de soirée baptisé Mouse Party. Et ce soir-là, c’est un carton. Le lendemain, il écrit sur ses réseaux sociaux: “En 2016, on venait aux Ardentes pour faire une série de vidéos pour l’Abcdr. En 2022, on a joué devant près de 10 000 personnes. Vous connaissez la rengaine, merci le rap.

Aujourd’hui, tout le monde peut être DJ

Mehdi Maïzi

En l’occurrence, Mehdi Maïzi n’était pas le seul journaliste programmé aux Ardentes. Visage de Check, le média rap belge, Martin Vachiery était également de la fête. Comme son collègue français, il a multiplié les dates cet été, passant notamment par Solidays ou les Eurockéennes. Après les Nocturnes de l’ULB vendredi dernier, il sera d’ailleurs de la… partie ce jeudi, au C12, pour l’édition bruxelloise de la Mouse Party. Les journalistes seraient-ils en train de devenir les nouveaux DJ stars? Mehdi Maïzi rigole: “Déjà, suis-je vraiment journaliste, à partir du moment où je travaille pour une marque? Mais au-delà de ça, s’il y a une tendance, elle ne se résume pas aux gens de médias. Aujourd’hui, tout le monde peut être DJ. Dès que tu es un peu connu, que tu as une image un peu cool auprès d’une partie du public, on peut te booker.” Plus besoin de savoir manier les platines pour faire danser, la notoriété suffit. Et on ne parle pas seulement des cas les plus spectaculaires -Paris Hilton qui vient “mixer” à Tomorrowland… Cet été, à Rock Werchter, les campeurs se sont massés par milliers chaque soir pour faire la fête avec quelques-unes des figures-phares de la radio Studio Brussel, tandis que le Pukkelpop offrait un créneau au Youtuber Average Rob sur sa scène Boiler Room…

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Block party

Si le phénomène n’est pas tout à fait neuf, il semble donc s’être précisé lors de la récente saison des festivals. Avec des formats et des accueils variés. Ce qui fait souvent tiquer les amateurs de musique électronique passe par exemple beaucoup mieux dans le rap. Une question de culture sans doute: si le hip-hop s’est construit sur une série de figures techniques (le scratch pour ne citer que la plus évidente), il s’est aussi répandu grâce aux block parties. Soit des fêtes de quartier, où la tâche première du DJ était de faire danser, épaulé par un MC chargé d’électriser les fêtards. Des danseurs qui, en outre, sortaient rarement en clubs. Un demi-siècle plus tard, le principe n’a pas vraiment changé. Quand on demande à Martin Vachiery comment il explique le succès des soirées Check Club, lancées en 2019, il analyse simplement: “L’idée est de ramener la fête. Plein de gens ont envie d’entendre du rap en soirée, mais sans forcément vouloir sortir en boîte. Quand on organise une date, tout le monde est le bienvenu, on ne filtre pas à l’entrée, etc.

Se présentant volontiers comme “DJ-entertainer”, Martin Vachiery alterne les fonctions. Au micro, il peut compter sur une formation théâtrale pour ambiancer les danseurs. “J’adore cette proximité, le contact avec les gens. Ca permet aussi de casser la distance des réseaux sociaux.” À côté de la dimension “maître de cérémonie”, il a toutefois aussi tenu à travailler sa maîtrise des platines. “Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé passer de la musique en soirée. À force, c’est devenu une vraie passion et j’ai commencé à bosser davantage les techniques de mixage.

Ce n’est pas le cas de Mehdi Maïzi. “Clairement, je ne suis pas DJ, je ne sais pas mixer. J’ai un rôle de “host” en fait. Presque de MC (sourire), dans le sens originel du terme, comme pendant les années 80, quand tu avais un DJ et un mec qui ambiance à côté. Cela étant dit, ce n’était pas du tout quelque chose que je voulais faire à la base, ni quelque chose de très naturel pour moi. J’ai dû un peu improviser et bricoler.” Quand il lance ses premières soirées, dès 2014, sous la bannière de l’Abcdrduson, Mehdi Maïzi ne prend d’ailleurs pas le micro. Il se contente du rôle d’organisateur. “Et puis ça restait très occasionnel. Il n’y avait pas d’ambition d’en faire quelque chose de récurrent.” Plus tard, quand il présente l’émission La Sauce sur OKLM, il relance toutefois l’idée, avant de rebaptiser le concept Mouse Party. Deux premières dates sont organisées. “Et puis le Covid est arrivé… Mais comme elles ont relativement bien marché, que l’on avait des visuels cool, que ça commençait à tourner un peu sur les réseaux, on a commencé à avoir des demandes.” Dès que les clubs ont pu rouvrir, l’agenda de l’animateur-journaliste s’est donc rapidement rempli. “Très vite, on s’est retrouvé dans des festivals, ce qu’on n’avait pas du tout prévu.

Aujourd’hui, le concept a donc pris de l’envergure, et a été travaillé pour ressembler de plus en plus à un vrai show. Mais en restant fidèle aux principes d’origine. “Au départ, l’idée était simplement d’organiser des fêtes entre potes. C’est toujours un peu ça.” Même si le cercle s’est considérablement agrandi. “Je voyais aussi peu d’événements rap qui nous ressemblaient. C’est toujours un peu le cas. Mine de rien, il n’y a pas tant de clubs que ça dans le monde où tu peux entendre dans la même soirée Freeze Corleone, Alpha Wann, Hamza ou La Fève…

Mouse party, le 29/09, au C12, Bruxelles. Infos sur la page Facebook de l’événement.

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