I Inside the Old Year Dying: l’élégance rédemptrice de PJ Harvey

Elle avait bien calmé l’attente en dévoilant ces dernières années les démos de tous ses disques. Initiative captivante et moins futile qu’il y paraissait. Elle s’était même fendue de bandes originales pour le théâtre (All About Eve) et la télé (la série Bad Sisters). Il aura quand même fallu un temps interminable (sept ans) à PJ Harvey pour offrir un successeur à The Hope Six Demolition Project, son dernier album studio qui était né de voyages au Kosovo, en Afghanistan et dans les quartiers pauvres de Washington avec le photographe Seamus Murphy. Il avait été enregistré ensuite à la Somerset House de Londres en public derrière une vitre sans tain. Si Polly Jean y dépeignait la brutalité et les atrocités du monde sans convaincre totalement musicalement, I Inside the Old Year Dying est un disque dénudé, plus intime et humain.

À la fois motivé par les conseils du réalisateur Steve McQueen (se souvenir de ce qu’elle aime dans les mots, les images et la musique) et par le plaisir de reprendre du Bob Dylan et du Nina Simone, il évoque l’intensité du premier amour et la quête de sens. Un havre de paix, un endroit de calme et de repos en ces temps troublés, où se glissent des exclamations d’enfants, un ruisseau, du vent et des oiseaux (vive le field recording). Des images bibliques aussi et des références à Shakespeare. Concocté avec ses comparses Flood et John Parish (A Child’s Question, July ressemble à un morceau de dEUS), souvent écrit en dialecte de son Dorset comme son dernier recueil de poésie (Orlam, 2022), I Inside the Old Year Dying se distingue par sa beauté et son élégance rédemptrices.