Glauque: « Notre musique, c’est ce que je veux entendre quand je me promène seul le soir »

Alors qu'il sort son premier EP, on espère que l'emballement pour le groupe namurois ne faiblira pas. © Mayli Sterkendries
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

En à peine deux ans d’existence, les Namurois de Glauque sont devenus la « sensation » électrorap du moment, collectionnant prix, concerts et louanges. Un emballement que vient « gripper » un certain virus, alors que le premier EP du groupe sort cette semaine…

Jusqu’ici, c’était un plan qui se déroulait sans accrocs, tous les signaux passant au vert les uns après les autres. Et puis, le Covid-19 est passé par là. Alors que Glauque sort officiellement son premier EP ce vendredi, le pays boucle sa deuxième semaine de confinement. La musique est évidemment disponible sur les plateformes de streaming, mais tous les prochains concerts sont annulés. Sans compter la promo, forcément tronquée. La vie de musicien en temps de pandémie…

C’est un premier coup d’arrêt pour un groupe dont l’ascension paraissait jusqu’ici irrésistible. On se rappelle bien de la première fois que l’on a vu Glauque sur scène. C’était il y a un peu moins de deux ans, lors du Concours Circuit. « Avant ça, ça aurait été compliqué », rigolent Louis (Lemage) et Aaron (Godfroid), deux cinquièmes du groupe, rencontrés avant la tempête. En décembre 2018, Glauque en est encore, en effet, à ses prémices. Il dispose d’à peine assez de morceaux pour tenir la petite demi-heure de ce qui constitue l’une de leurs premières scènes. Mais cela ne les empêche pourtant pas de remporter le tremplin musical.

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Derrière, les propositions de dates en festivals ont commencé à s’accumuler, et les articles dithyrambiques se sont multipliés. Le mix de phrasé rap et de brutalisme électronique frappe les esprits. « Au lendemain du Concours Circuit, on a découvert tout un monde que l’on ne connaissait pas, avoue Louis. Si ça a été vite? Oui, mais on a rapidement repris le contrôle. » « Et puis, on n’est pas Angèle non plus », glisse Aaron. Certes. On se souvient quand même d’articles dans certains hebdos français qui ont pu faire monter la pression -au hasard, le site web des Inrocks titrant « Glauque, le groupe que le monde entier attendait« … « Honnêtement, ce genre d’article ne nous rend pas service, regrette Louis. Si on se plante maintenant, on aura vraiment l’air con (rires). Cela étant dit, les Inrocks sont beaucoup moins significatifs pour notre génération que pour celle de nos parents, par exemple. Et puis, on sait comment fonctionne Internet et sa manie de l’hyperbole. Donc, quand on lit ça, franchement, ça nous fait plus marrer qu’autre chose. »

Vertiges de l’ennui

Les cinq membres de Glauque -Louis et Lucas Lemage, Aaron Godfroid, Baptiste Lo Manto, et Aadriejan Montens -se sont rencontrés à Namur. D’une certaine manière, la « Belle Endormie » semble être le lieu idéal pour une musique qui, pour être toute en tensions, creuse volontiers les thématiques de l’ennui et de la solitude. « C’est vrai, ce ne sont pas des sentiments qui nous effraient, confirme Aaron. Je trouve des lieux comme le halage ou l’écluse de Salzinnes vraiment très beaux, par exemple. » Louis ajoute: « Notre musique, c’est ce que je veux entendre quand je me promène seul le soir dans les rues de la ville -en sachant qu’après 21 heures, le centre est quasi désert. » (sourire)

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Au départ, le projet démarre avec Louis et Aadriejan. « J’avais commencé à écrire des textes, raconte Louis. Et je cherchais quelqu’un avec qui faire de la musique, sans vraiment d’idée plus précise. À Namur, de toutes façons, il faut faire simple. » (sourire) Les deux se retrouvent malgré tout autour d’envies rap, le seul genre en français « où je ne trouvais pas les textes rébarbatifs, où les mecs ne se prenaient pas pour des poètes absolus », explique encore Louis. Au final, un certain phrasé est resté. Mais la filiation de Glauque avec le hip-hop s’est depuis largement diluée dans des textures plus sombres et électroniques, plus proches des Français d’Odezenne que, au hasard, de Damso

C’est la scène qui donnera au groupe son allure finale, le binôme de départ étant rejoint par trois autres potes qui, dès le départ, « gravitaient autour du projet ». La majorité d’entre eux est passée par l’Imep -l’Institut supérieur de musique et de pédagogie, à Namur. Ce qui les rassemble musicalement? « Franchement, pas grand-chose », sourit Louis. Ce qui explique sans doute la forme hétéroclite des morceaux de Glauque, encore en développement, entre grisaille synthétique, désenchantement cru (« Elle m’dit « baise-moi » en porte-jarretelles, je l’ai fait sans émotion », dans Robot) et élans existentialistes (« Entre deux défonces, guette le temps qui passe », Plane). Leur côté cérébral aussi? « Le premier jet est toujours instinctif. Mais c’est sûr que par la suite, c’est beaucoup de discussions. »

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À l’heure du culte triomphant de la personnalité, Glauque arrive donc en groupe, ce « format devenu anachronique ». Quant aux réseaux sociaux, aujourd’hui l’alpha et l’oméga de la communication, Glauque y reste relativement discret. « Mais on ne veut pas non plus entretenir un quelconque mystère, rassure Louis. L’idée est simplement d’éviter toute posture, on ne veut pas jouer aux « artistes ». On déteste par exemple se mettre en scène. Sourire à la caméra, tout ça, on est très mal à l’aise. Pour les Décibels Music Awards, par exemple, on a dû enregistrer une petite séquence de présentation, c’était horrible. » (rires) Lors de l’émission de la RTBF, Glauque était nommé dans la catégorie Révélation. Qu’il n’a pas manqué de remporter. C’était il y a un mois à peine. Autant dire un siècle en temps de confinement. Vivement l’été…

Glauque, Glauque, distribué par Écluse. ***(*)

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