Critique | Dour Festival

Dour J2: la fanfare techno de Meute retourne la Last Arena

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Le groupe d’Hambourg a retourné la Last Arena jeudi soir. A la fin, comme disait Lineker, c’est toujours les Allemands qui gagnent…

Il fut un temps pas si lointain, celui de nos grands-parents, où on ne parlait pas de groupe mais d’orchestre. Le vocabulaire peut être troublant. Mais il faut appeler une fanfare une fanfare. Même quand elle reprend et arrange de la house et de la techno et fout le souk en festival. Ils avaient déjà réalisé un fameux strike en 2017 à la Petite Maison dans la prairie. Jeudi soir, les Allemands de Meute ont fait un carton sur la Last Arena.

Fondé en 2015 à Hambourg par le trompettiste Thomas Burhorn, Meute est rapidement devenu viral avec ses relectures de hits électroniques à base de percussions et de cuivres. En revisitant Laurent Garnier (qui a d’ailleurs déjà invités les Allemands à son propre festoche, le Yeah, à Lourmarin), Flume, Deadmau5, Rival Consoles, Röyksopp ou encore Fatima Yamaha, la joyeuse troupe remplit des Zénith et enchaîne les millions de vues sur Youtube.

L’an dernier, Meute a sorti son troisième album (Taumel) délaissant quelque peu l’art de la reprise pour s’essayer à des titres originaux. Tiré de l’allemand évidemment, taumel signifie vertige, ivresse. Si pas mal sur la plaine ont déjà un petit coup dans l’aile, l’ambiance est plus festive que planante. Pas de machine, de boucle ou de sample. Grosse caisse, saxophone, trompette, trombone… Avec leurs costumes rouges et leur énergie communicative, les dix musiciens teutons ont tout retourné sur leur passage.

Dans les années 90, l’artiste contemporain Jeremy Deller avait invité l’une des plus vieilles fanfares britanniques (le Williams Fairey Brass band) à interpréter des classiques de l’acid house dans des festivals et musées. A ses yeux, «la bande son des raves, honnie par la bourgeoisie thatchérienne, et la tradition des fanfares étaient une même expression de la révolte prolétarienne,» écrivait Alexis Bernier dans Libération.

Meute a définitivement l’approche plus divertissante que politique. «Si vous ne pouvez pas dire si notre musique est électronique ou acoustique, c’est que nous avons bien fait notre travail,» ont surtout coutume de commenter ces empêcheurs de tourner en rond.

Cocasse. Sur Taumel, ils réinventent notamment Places, un morceau du tandem français The Blaze, qui ce jeudi lui emboite le pas et termine la journée sur la Last Arena.

A l’heure des DJ’s superstars et des rappeurs nombrilistes qui ne s’encombrent pas de musiciens et se passent même désormais souvent d’un mec aux machines et platines (t’aimes ça le karaoké?), Meute casse les codes de la fanfare et des musiques à danser. Meute rend la musique électronique visible. Elle l’humanise. Lui confère ce petit supplément d’âme qui fait la différence. Et colle si bien, finalement, au festival de Dour.

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