Critique | Musique

100 gecs sort son 2e album : smells like meme spirit

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© DR
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Album - 10,000 gecs

Artiste - 100 gecs

Genre - Hyperpop

Label - Warner

Critique - L.H.

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Fer de lance de l’hyperpop, 100 gecs sort un deuxième album, toujours aussi cintré. Bienvenue dans le monde dada-kitsch du duo américain!

Ça démarre façon puzzle. Sur le morceau intitulé Dumbest Girl Alive, 100 gecs dynamite -grosse montée Dolby Surround, façon blockbuster eighties-, disperse -trois coups de feu tirés en l’air- et ventile –riff metal, batterie heavy et motif chiptune façon GameBoy. Dès les premières secondes, le duo formé par Dylan Brady et Laura Les sonne la charge. Une surprise? Pas vraiment.

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Depuis qu’il a déboulé sans prévenir sur la scène indé, le binôme américain pratique une musique maximaliste, bourrée de gros effets, d’autotune cintré jusqu’à l’agression et de mélodies cheesy jusqu’au malaise. De quoi les raccrocher au mouvement hyperpop. Voire à en faire une des figures tutélaires de ce qui s’est imposé comme le premier véritable genre post-Internet. Cet engouement pour la musique de 100 gecs a fini par se remarquer. Après la sortie de leur premier album-commando en 2019, Laura Les et Dylan Brady ont ainsi vu les propositions affluer. Y compris de la part des grosses majors.

Quatre ans plus tard, le duo a signé sur le label historique Atlantic. Avec un “narratif” clair, comme on dit dans les réunions marketing du Bel 20: réussir avec 100 gecs et l’hyperpop ce que Nirvana a provoqué avec le grunge. On comprend mieux la vidéo du récent single Hollywood Baby et son esthétique slacker. Comme dans le clip de Smells Like Teen Spirit, Dylan Brady et Laura pogotent. À cette différence qu’ils ne s’agitent pas au milieu de lycéens déchaînés, mais seuls.

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Un vrai duo de “jackasses”, essayant d’éviter les feux d’artifice qu’ils ont allumés eux-mêmes, enfermés entre les quatre murs d’une maison (à l’instar d’une génération Z qu’Internet a complètement isolée?). Autre différence significative: le refrain qui, il faut bien l’avouer, a davantage à voir avec le pop punk crétin de Sum 41 qu’avec les charges neurasthéniques de Cobain & co…

Qui rit, sort!

Comme quoi, la formule a évolué, l’esprit pas forcément. Certes, en ayant été propulsé game changer potentiel, 100 gecs a encore grossi un peu plus son son, et privilégie désormais des textures moins synthétiques, pour préférer sortir les guitares rock. Mais la démarche, elle, est restée la même. La musique des Américains sonne toujours comme celle d’une playlist dirigée par un algorithme devenu fou. Et qui n’a pas peur de frayer avec le mauvais goût.

© National

Sur 10, 000 gecs, on trouve ainsi du ska nigaud (les croassements de Frog on the Floor, les cuivres cornichons de I Got My Tooth Removed), du rap fusion à la Limp Bizkit (Billy Knows Jamie), des hurlements gutturaux à la Korn ou des basses saturées façon Skrillex. Ce n’est jamais vraiment beau, c’est souvent même très laid. Mais toujours fun, voire carrément excitant dans son iconoclasme dada (One Million Dollars).

Do I sound like a joke when I’m talking to you?”, ose demander Laura Les sur Mememe, en toute fin de disque. Évidemment! C’est à la fois la limite et la force du geste. Façon LOL, qui rit, sort. Tout le monde dehors!

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