Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

LE JEUNE GANTOIS FAIT SENSATION AVEC UN PREMIER ROMAN GRAPHIQUE SÉLECTIONNÉ POUR ANGOULÊME. UNE VÉRITABLE EXTENSION DU DOMAINE DE LA NOCE, ET DE LA BD.

Près de 200 pages, pour presque autant de tableaux. Un récit entièrement composé à l’aquarelle, incroyable de couleurs, de composition, d’ambiance. De lisibilité aussi. Les Noceurs, première £uvre de Brecht Evens traduite du néerlandais, est la sensation du moment dans le petit monde de la BD et du roman graphique. Un petit bijou sélectionné d’emblée pour la grand-messe des petits mickeys qui se tiendra fin janvier, comme chaque année, à Angoulême ( lire aussi page 5). Un livre d’une liberté totale, au contraire de ses protagonistes englués dans le théâtre des relations humaines. Les Noceurs racontent, en 3 chapitres  » et beaucoup de sub-texte », le quotidien nocturne et existentialiste de jeunes noceurs flamands, entre une soirée privée qui tourne au fiasco plus poisseux que spectaculaire, et une virée au « Disco Harem »,  » une discothèque de rêve, plus proche d’un parc de récréation pour jeunes » nous a expliqué l’auteur .  » Et je me suis plutôt inspiré de certains mega dancings de Barcelone que de boîtes flamandes. La garde-robe, par contre, est vraiment gantoise. C’est celle de ma petite amie de l’époque. » Car s’il fait preuve d’une maturité confondante, Brecht Evens connaît bien, pour en faire pleinement partie, cette jeunesse qu’il décrit et déconstruit: les étudiants en arts et en mode, les fêtes dans les maisons privées, les dress codes… Presque son quotidien.

Brecht Evens habite depuis 8 mois à Bruxelles, tout près de la place Rouppe,  » comme tous les Flamands qui viennent ici sans bien connaître la ville. »

Génération Houellebecq

On a du mal à le croire en feuilletant ses premiers « sketchbook »: Les Noceurs fut d’abord un travail de fin d’études, à Sint-Lukaas, section illustration.  » Une période très schizophrénique, où j’ai mis très longtemps à apprendre autre chose qu’à imiter », mais dont il se libère soudain en dernière année. L’aquarelle, l’utilisation de l’espace, cette fusion de l’illustration et de la BD… Tout est là. Il en remet 50 pages, qui lui offriront son diplôme et un prix de la Guilde des Auteurs Flamands. Un an plus tard, Ergens waar je niet wil zijn (« Un lieu où tu ne veux pas être ») devient Les Noceurs en français, The Wrong Place en anglais. Un succès dont Brecht Evens ne sent pas le poids: il lit Houellebecq en français, mais ne connaît pas Télérama.

Houellebecq: on y pense en lisant Les Noceurs -le bouquin déposé sur sa table de cuisine le confirme. Il cite aussi Tom Wolfe, « pour la satire sociale ». Le sujet des Noceurs est, en tout cas, très générationnel: « V ouloir être aimé. Tout le monde veut la même chose, mais il n’y a jamais assez de place pour tous. » La prochaine bande dessinée de Brecht Evens -qui ne prétend pas faire autre chose:  » raconter une histoire, c’est ce qui me fait dessiner« -, s’appellera The Making Of,  » L’histoire d’une toute petite galerie d’art dans une banlieue flamande. » On peut déjà saliver sur son blog. l

u « LES NOCEURS », PAR BRECHT EVENS, ÉDITIONS ACTES SUD BD,

u WWW.BRECHTNIEUWS.BLOGSPOT.COM.

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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