Passa Porta: 20 ans de partage de la littérature

On se pressera à Passa Porta, qui prévoit un événement mensuel jusque fin 2024 pour fêter ses 20 ans.
Nicolas Naizy Journaliste

Passa Porta, maison internationale des littératures fête ses 20 ans. Coup d’œil dans le rétro et regard porté vers le futur avec ses forces vives.

Passa Porta. Un nom comme une invitation à franchir la frontière. Et tout qui a déjà passé le seuil du 46 de la rue Dansaert a compris que dans cette librairie bruxelloise le voyage peut commencer certes par les livres vendus ici en plusieurs langues, mais aussi par une discussion avec d’autres lecteurs, par une rencontre avec un auteur venu de loin.

Le plurilinguisme est une des pierres de fondation de la maison internationale des littératures, née voici 20 ans de la collaboration rapprochée entre l’association néerlandophone Het Beschrijf, et la francophone Entrez Lire. Bilingue dès la naissance avec une idée commune: « Incarner à Bruxelles une entreprise littéraire qui soit curieuse de la production belge et internationale et de mettre en réseau les écrivains belges avec leurs homologues internationaux« , résume Ysaline Parisis, l’une des programmatrices de Passa Porta qui, dès le départ, a porté « une attention à la littérature dans la langue dans laquelle elle s’écrit. Et donc une collaboration avec les traducteurs, traductrices avec une visibilité de leur travail. » Ce doux choc des langues se concrétise notamment par la tenue d’un festival biennal ambitieux, le Passa Porta Festival, où défile le gratin de la littérature mondiale, en plus d’un programme de rencontres et d’animations à l’année. En 20 ans, pas moins de 2 000 auteurs et autrices ont franchi la porte.

Refuge

Il s’agit là de la partie immergée d’un iceberg qui dissimule dans les étages de la maison un travail collectif au service de la littérature et de ses acteurs. Passa Porta se fait ainsi résidence d’auteurs. Voire refuge! Notamment grâce au projet ICORN, l’organisation inscrit la cosmopolite Bruxelles dans le réseau des villes pour auteurs en exil. Une initiative qui justifie notamment le choix d’Abdulrazak Gurnah comme premier invité de ce 20e anniversaire. Prix Nobel de littérature en 2021, l’auteur d’origine tanzanienne, vivant au Royaume-Uni, « est un des écrivains postcoloniaux les plus importants pour comprendre les enjeux de la migration« , souligne Ysaline Parisis. Son entretien sur la scène de la Monnaie annonce la création le 21 de ce même mois de l’opéra contemporain Ali sur les trajectoires migratoires.

Si le commandement change -Astrid Van Impe, ex-directrice du 140, est la première nommée de la nouvelle direction bilingue-, le navire continue de voguer. Passa Porta pense son futur à l’aune de l’évolution actuelle de la création littéraire, avec une place pour ses développements scéniques et sonores. En mai, un studio d’enregistrement sera inauguré. La rencontre avec l’auteur demeure le moment fondamental de partage de la création. Passa Porta s’arrime au pouvoir de l’imaginaire, la littérature comme résistance notamment: « Passa Porta croit fondamentalement dans le roman, à la nouvelle ou simplement à la fiction, assure Ysaline Parisis. Je pense qu’on ne doit pas cesser de s’intéresser à cette forme qui est une des quintessences de la littérature. Elle a beau être remise en cause ou décriée, la littérature d’imagination sera toujours soutenue par Passa Porta.« 

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