Critique | Livres

[Le livre de la semaine] Viva la madness, de J.J. Connolly

J.J. Connolly © DR
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

POLAR | L’auteur de X, polar culte sur les gangstas anglais, en a écrit la suite dans Viva la madness. Une plongée toutes narines dehors dans le marché de la cocaïne.

Un Connolly chasse l’autre dans les rayons polar. Impossible pourtant de confondre les livres de John l’Irlandais (voir le Focus du 29 avril) avec ceux de J.J. le Londonien, ici présent: autant le premier reste somme toute très classique et classieux, autant le second semble sorti tout droit d’un de ses deux romans, comme ce matin au festival Quais du Polar, avec sa petite mine de lendemain de la veille. J.J. Connolly a publié son premier roman X en Angleterre il y a déjà 15 ans, à peu près au moment où Guy Ritchie donnait naissance à Arnaques, crimes et botanique, bientôt suivi de Snatch, soit trois perles désormais cultes en Angleterre et ailleurs, réinventant pour longtemps la figure du bad guy british en la trempant dans l’humour, la violence, le cynisme et beaucoup d’incorrections. X donc, du « nom » du narrateur et personnage principal, qui n’en a pas -« Mon nom? Si je vous le disais, vous en sauriez autant que moi« – et que l’on croyait définitivement retiré du business au soleil de la Jamaïque. C’était sans compter sur son ami Morty, seul rescapé, comme lui, des 400 pages de X, qui le convainc de replonger, une dernière fois, pour un ultime gros coup. Lequel va évidemment bien bien (bien) foirer, mais l’intérêt de Viva la Madness est heureusement ailleurs: dans l’écriture de son auteur, dans la gouaille de ses gangsters qui n’a d’égal que leur violence et dans le descriptif de ce marché lucratif que rien ou presque ne sépare de tous les autres, à écouter J.J. Connolly.

A qui la faute?

[Le livre de la semaine] Viva la madness, de J.J. Connolly

« Le fait que X soit un trafiquant de drogue n’en fait pas nécessairement une mauvaise personne« , explique l’auteur, qui aura mis dix ans avant de se lancer dans cette suite -« J’ai d’abord passé beaucoup de temps sur l’adaptation au cinéma de mon premier roman (Layer Cake avec Daniel Craig, NDLR), puis sur d’autres scripts, c’était très lucratif« – « Cette notion de bon ou mauvais, c’est juste une question de prohibition. Il est moins pourri que beaucoup de politiciens, il joue juste le jeu avec les cartes qu’il a reçues. Mais la drogue est partout, elle est consommée par tonnes chaque jour rien qu’en Angleterre, il y a une demande, un marché, il y a forcément une offre. Certains sont dépendants à la coke, d’autres au sexe, aux jeux en ligne… A qui la faute? A la nature humaine! Et puis c’est un business complexe: beaucoup de brokers de la City gagnent des millions parce qu’ils carburent à la coke. Et quand la police fait une grosse prise, ça fait augmenter les prix, c’est donc tout bénef pour les trafiquants! » Viva la Madness devrait, lui, devenir une série avec Jason Statham. On sait déjà qu’elle sera moins féroce et plus politiquement correcte que l’original.

DE J.J. CONNOLLY, ÉDITIONS SONATINE, TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR FABRICE POINTEAU, 608 PAGES.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content